Le profiling ou profilage criminel
Dès 1886, Krafft-Ebing est le premier à avoir pris conscience des correspondances possibles entre perversions sexuelles et crimes, il établit que "la recherche de troubles intérieurs est susceptible d’éclairer le forfait".
La technique de "profilage psychologique" se développe vers 1950 avec James A. Brussel, psychiatre américain, afin de faciliter l’arrestation des meurtriers, en combinant caractéristiques comportementales et probabilités statistiques. En s’appuyant sur une compétence professionnelle et non sur l’intuition, il ouvre la voie aux futures investigations.
C’est sous la direction de Howard Teten et de Patrick Mullany que des profileurs en tant que tels, apparaissent ensuite au FBI dans les années 70 (agents spéciaux Robert Hazelwood, Robert Ressler et John Douglas). Leur but est de permettre d’identifier des caractéristiques comportementales particulières typiques de certains meurtriers.
Qu’est-ce que le profilage criminel ?
Le profilage en matière criminelle est l’étude de la personnalité, des caractéristiques et des spécificités de fonctionnement des criminels qui les différencient de la population générale, ainsi que l’étude des preuves afin d’en déduire les suspects possibles.
On peut distinguer le profilage de personnalité criminelle ou profilage psychologique, l’analyse d’investigation criminelle ou profilage comportemental, le profilage criminel ou profilage d’agresseur ou profilage médico-légal.
Quel est le profil du profileur ?
Idéalement, le profileur devrait avoir des connaissances pluridisciplinaires en psychologie, sociologie, criminalistique, médecine légale, il doit également être capable d'analyser sur place les scènes de crime.
En Europe, les profileurs sont des psychologues ou des psychiatres experts spécialisés dans les affaires pénales. Aux Etats-Unis, les profileurs sont des officiers enquêteurs formés au profilage psychologique et qui restent libres d’utiliser ou non cette méthode dans l'enquête. Les unités de police locale font appel à des consultants psychologues, criminologues ou à d’anciens officiers du FBI.
Si en France aujourd’hui, le profilage semble un instrument indispensable, le statut du profileur n’est toujours pas défini comme dans le reste du monde. Les psychologues n’ont pas le statut d'enquêteurs. Cependant s’appuyant sur l’expérience américaine, la police française tend à développer le travail du profileur au sein de ses propres forces.
La méthode du profilage criminel
Le profilage ne consiste pas seulement à dresser un profil, c’est un processus qui vise à reconstruire un comportement individuel et les motivations latentes potentielles.
Le profilage psychologique permet de limiter la population de suspects et d’orienter certains axes de recherche de l’enquête. Il en résulte que le profil établi reste flou et répond à un pool de suspects.
Le profilage est une technique basée sur un protocole, mais il n’existe pas de procédure fixe standardisée. A l’heure actuelle, chaque profileur pratique selon ses méthodes.
Tout d'abord, il s'agit d'analyser les spécificités de la scène de crime (arme, nombre apparent d’agresseurs, logique d’agression, organisation de la scène de crime et mise en scène, acte rituel, traces de pas, etc…).
Puis d'étudier la victime par l’autopsie psychologique ou victimologie (autopsie et cause de la mort, maltraitances/lésions subies ante ou post mortem, traces séquelles, empreintes, fibres sur la victime, recherche du lien avec l'agresseur, etc…), mais on ne tient jamais compte de la victime en tant que personne en interaction avec son environnement social et privé. L’autopsie de la victime peut permettre de discerner la personnalité du meurtrier.
Enfin il convient d'établir le profil psychologique et sociologique du criminel. Le profileur décrit d’abord le criminel grâce à son comportement, pour s'interroger ensuite sur les désirs ou les fantasmes que ce comportement peut satisfaire. Il faut se demander pour quel motif la victime a été choisie et en quoi elle s’insère dans le fantasme de l’agresseur. Chaque criminel présente à la fois des volets psychopathiques et schizophréniques, pouvant basculer de l'un vers l’autre selon de la situation. En général, il ne commet jamais son crime accidentellement, mais pour ses propres raisons.
Les manifestations de la conduite criminelle, le mode opératoire, la signature et la mise en scène, apportent les identifiants significatifs de la personnalité criminelle. En particulier, la signature implique des identifiants très significatifs de la personnalité du tueur.
L'étude de l’environnement social de l’agresseur apporte aussi une aide à la compréhension de la nature de son crime. Le principal objectif est de découvrir à quel moment de sa vie, une personne commet un crime. Or, les processus fondamentaux de la socialisation comprennent un fort potentiel de violence relatif aux relations interpersonnelles. La psychologie permet d'évaluer les comportements des individus selon la façon dont ils appréhendent leur environnement. Inversement, elle examine aussi l'impact de l'environnement sur les individus et leurs interactions.
Les personnes deviennent ce qu’elles sont en fonction de leur vécu : facteurs familiaux ( troubles psychotiques), relations parentales (maltraitance physique ou psychologique, sévices sexuels), comportement infantile (agressivité), éducation (échec scolaire), addiction (alcool, drogue), expériences sociales traumatisantes et déstabilisantes, antécédents judiciaires, etc…