Un instant Carol croit que Tony parle d'elle comme de la femme qu'il aime avant de s'apercevoir de sa méprise : il vient d'avoir une révélation sur l'enquête en cours... En une seconde, sa lueur d'espoir s'éteint, cédant place à sa peine. Son visage se défait tandis qu'elle comprend que jamais rien ne sera possible avec lui. Cette scène illustre parfaitement la souffrance et la résignation de Carol :
 

Carol : Have you ever had a pet ?
Tony : Nawh.
Carol : Not even as a child.
Tony : Nope.
Carol : So apart from your parents, you’ve never loved another living thing ?
Tony : I’ve been close.
Carol : How close ?
Carol : [temps d'un battement] When ?
Tony: Carol ?
Carol : Why can’t you answer ? It’s a simple question. Are you ashamed ?
Tony : [profonde expiration] You...
[temps de pause tandis que Carol le regarde en état de choc]
Tony : YOU !
[Carol voit l'affiche derrière elle]
Tony : Yeah, it’s you !
Quand la nuit tombe (S03; E03)
 

Le psychologue reste désespérément à distance, comme frappé d'autisme dès qu'il s'agit de dévoiler ses sentiments à une femme. Incapable de répondre aux attentes de Carol sur le plan sentimental et affectif. A-t-il peur de se mettre en danger ? Est-il tout simplement capable d'aimer ?
Quand Carol et Tony sont ensemble en privé, ils s'ouvrent complètement l'un à l'autre. Ils se sentent en sécurité et en osmose. L'un trouve en l'autre le réconfort que personne d'autre ne peut offrir. Il s'agit d'une interdépendance : Je me soucie plus de vous que je me soucie des autres. J'ai besoin de vous. C'est une union spirituelle où les mots sont inutiles. Chacun sait que l'autre sera toujours là pour lui.
 
Pour Tony, l'amour sans relation conventionnelle est suffisant, il n'a pas la capacité de faire face et d'accepter autre chose. Cet amour platonique lui suffit car s'il se passait quelque chose sexuellement entre eux, tout s'écroulerait. Cet équilibre précaire est le cœur et la force de leur relation. Et cela fonctionne.
 
Mais à terme, Carol ne peut pas s'en satisfaire. C'est une femme désireuse de bien plus à ce moment de sa vie où elle ressent le besoin de combler son vide sentimental. Elle veut construire son avenir, fonder une famille et a besoin de certitudes.
 

Carol : It's not about having a baby. It's finding out for a decent dad.
Tony : Well, if you want... I'll help you look.
Mauvaise graine (S03; E0)
 

Irrémédiablement introverti, le psychologue est incapable de surmonter ses démons et d'aller au-delà. Le côté sombre de Tony et la vaine attente de Carol leur interdisent définitivement toute relation amoureuse. C'est pourtant dans le dernier épisode des trois saisons avec Carol Jordan, que le Dr Hill semble avoir enfin surmonté ses démons après de terribles épreuves. Serait-il enfin prêt à se déclarer...?
Le rôle de l'inspectrice est alors de trouver l'indice ou le fait matériel qui attesteront les vues de l'esprit et les déductions de l'imagination de Tony. Cependant, elle fait confiance au psychologue clinicien et privilégie ses théories même si elles semblent excentriques ou extravagantes, car elle est consciente que c'est lui qui voit juste.
 
Dans Chapelle Ardente, lorque Tony démontre à Carol que Jack Vance est le coupable, elle reste figée de stupeur mais le croit sans hésiter. Elle suit ses directives à la lettre malgré que la police suive déjà d'autres pistes. Il en est de même dans L'Ombre du Roi, où cette fois Carol se montre beaucoup plus réticente quand Tony lui demande de mentir à la Cour de Justice. Carol a un sens profond de l'honneur et de sa responsabilité. Tony s'excuse de l'avoir obligée à trahir son sermment.
 

Tony : Excusez-moi, Carol, parfois je ne vois que la théorie. J'oublie qu'il faut composer avec le reste.
Carol : C'est quoi le reste ?
Tony : A vous de m'aider à le définir.
Dans l'Ombre du Roi (S02; E03)
 

Un puissant respect les unis et peu de temps se passe, avant qu'ils deviennent amis. Carol compte beaucoup sur l’aide éclairée de Tony, mais la journaliste Penny Burgess, à l'affût du scoop, a déjà remarqué qu'il se passait bien plus que ça entre eux.
Tony complique tout, même la simple réponse qu'attendait Carol en l'interrogeant sur ses parents, devient une analyse psychologique :
 

Carol : What were your parents like ?
Tony : Mm? Oh, Mum was classic delusional. Desperately believing in only the good ... it was a natural defense against her fear that Dad had fallen out of love with her. Yeah, she didn't realize he just had difficulty in expressing it.
Carol : ... I was just making small talk, actually.
Le Silence des collines (S02; E01)
 

Si Tony Hill est effectivement un peu bizarre, il n'est pas aussi effrayant que ses malades. C'est plutôt un être en souffrance. De façon sous-jacente, on sent qu'il a subi de lourds traumatismes, que certaines choses sont irrémédiablement détruites en lui.
 

Carol Jordan : Vos capacités relationnelles laissent à désirer...
L'Ange de la miséricorde (S02; E04)
 

Dans les romans de Val McDermid, le psychologue souffre d'impuissance sexuelle, mais à l'écran les réalisateurs ont contourné le problème en dévirilisant le personnage. Un moyen moins ostensible, mais tout autant efficace.
 
Carol réalise que Tony se complait et s'épanouit uniquement dans son travail et parait incapable d'assumer une relation amoureuse. Pourtant, sa fragilité l'émeut et elle est étrangement séduite par cet homme. Elle est décidée à lui venir en aide. Avec le temps, peut-être parviendra-t-elle à désinhiber Tony et le guérir ?
Tony : En bas, c'est l'image que l'on veut donner, en haut, c'est la véritable image.
Carol : Heureusement que vous ne montez pas dans ma chambre !
Tony : Oui...??
Carol : Je veux dire…
Tony : J'avais compris Carol.
Anges et démons (S01; E03)
 
Le Dr Hill est un labyrinthe de complexités et de masques. Ses émotions sont refoulées et son intellect reprend toujours l'avantage. Il se montre gêné et distant dès qu'il s'agit d'aborder son intimité. On le sent profondément perturbé et sur la défensive hors du travail, il ne supporte pas le moindre contact physique.
 
Carol est toujours la seule à l'origine d'un petit geste tendre comme lui prendre la main, poser sa tête sur son épaule ou le toucher. Lorsqu'elle l'embrasse sur la joue à la fin de L'Ange de la miséricorde (l'unique et chaste baiser de toute la série...) Tony reste figé sans réaction.
 
Pourtant, leur attachement est réellement profond. Quand l'un des deux semble s'intéresser à une autre personne, ils ne le supportent pas. Carol connait de brèves aventures qui échouent toujours à cause de son travail et aussi de son attachement pour Tony. Dans Anges et Démons, elle semble vivre quelque chose de sérieux avec Spencer, un avocat très beau garçon, très sexy et respectueux de son "espace". Une relation qui semble être promise à un bel avenir. Carol aurait-elle enfin trouvé l'homme qui lui convient ?
 
Tony Hill le sent immédiatement et se pose des questions. Il manifeste une curiosité teintée de jalousie à l'égard de Spencer. Mais suite à un coup de fil de sa part en pleine nuit, Carol abandonne Spencer au milieu de son lit, puis le plaque définitivement sans raison valable le lendemain. Trop esclave de son travail ou plutôt trop dépendante de Tony...?
 
Si elle a quitté Spencer c'est bien à cause de Tony. Après sa rupture, Carol attend de lui qu'il comprenne enfin ce qu'elle ressent et réagisse. Mais une fois encore, l'occasion lui échappe. Elle le lui fait comprendre dans les derniers instants de l'épisode. S'il peut lire dans ses pensées, il n'a pas su lire dans son cœur.
 

Carol : I’ll come over to see you later.
Tony : I don’t know when...
Carol : I don’t care. I’m coming over.
Tony : What about Spencer ?
Carol : It’s over.
Tony : Why didn’t you tell me ?
Carol : I did. Just not in words. You just couldn’t read my mind.
Anges et démons (S01; E03)
Lorsque Tony doit choisir entre enseigner à temps plein à l'université ou perdre son travail pour rester avec Carol, il est incapable de se décider. Il ressent un besoin quasi vital d'être avec elle. On le retrouve plus loin dans la série quand il avoue à Alex Fielding qu'il avait "besoin de Carol".
 

Carol : I need you.
Tony : What ? Right now ?
Carol : Is that such a terrible prospect ?
Tony : Well, it's just there's not much room on your desk.
Carol : No. I'll ever fit a baby in my tray. Just as well. I'd be a terrible mother.
Tony : You will be a wonderful mother.
- Carol : One day... And you'll be a wonderful father.
Mauvaise graine (S03; E02)
 

Carol dépend tout autant de Tony, ce qui est à nouveau évoqué dans La Remplaçante quand A.C.C. Paul Eden met en garde Alex : "Carol Jordan était complètement sous son emprise."
 

Tony : You can’t. I can.
Carol : Tony, chose your battles. I know you’re angry. So am I. But get a grip, will you ? I need you.
Tony : What for ? Decoration ?
Carol : Yeah. And the entertainment value. I don’t need a reason Tony, I just need you.
L'Ange de la miséricorde (S02; E04)
 
Tous deux se trouvent en résonance profonde et harmonieuse à différents niveaux. Dans ce  jeu de miroir, chacun se reconnait en l'autre, chacun a besoin de l'autre, leurs sentiments se réfléchissent sans jamais se formuler.
Après la scène de la roulette russe avec le tueur où Tony joue sa vie, il s'effonde et est opéré en urgence. Lorsqu'il rouvre les yeux, Carol se tient à ses côtés. Elle lui tient la main et lui dit qu'elle ne pourrait jamais supporter de le perdre.
 

Carol : I can cope you know. All these deaths, maybe treat them as the job. Loosing you, I couldn't cope with.
 

C'est peut-être à cet instant que Tony prend conscience à quel point, lui aussi, il tient à elle. Il est grand temps de le dire car vie ne tient qu'à un fil. Dans les ultimes minutes de l'épisode, Tony propose à Carol une porte de sortie avec lui. Mais là encore, il s'exprime de façon détournée et parle de faire du deltaplane...
 
On ne connaitra jamais la réponse de Carol qui ne saisit pas cette ultime chance. Leur relation s'achève ainsi de façon abrupte, nous plongeant dans l'incertitude et le désarroi. Libre à chacun de rêver une suite...
 

Carol : Looking for faces in the clouds ?
Tony : No, I was just thinking about...
[il tourne la tête et leurs yeux se rencontrent]
Tony : ...hang-gliding.
Carol  : Shouldn't you wait until you lose the staplework ?
Tony : No. I'm tired of putting things off. Come with me.
Carol : No, I've got work to do...
Tony : You're making excuses.
Carol : Yeah...
Tony : Life's dangerous. Come with me.
Hermione Norris sur l’Internet Movie Database
Hermione Norris sur Wikipedia
Leur relation reste néanmoins fragile et peut se révéler un facteur de déstabilisation qui risque d'être un atout pour les suspects. Dans l'épisode Mauvaise graine, une confrontation a lieu avec Mack "The Knife" qui prend un plaisir pervers à dévaloriser Tony aux yeux de Carol et la met en garde :
 

Mack The Knife : Tony Hill est incapable d'entretenir une relation, parce que finalement, il traite tout le monde comme des spécimens. Comme des insectes. Même vous.
Mauvaise graine (S03; E02)
 

En effet Mack a vu l'évidente relation "plus que professionnelle" qui les unit et qui devient une faiblesse en interrogatoire. Il parvient à déstabiliser complètement l'inspectrice en jouant avec ses sentiments.
 

Mack The Knife : J'admire vraiment votre loyauté. Si c'est seulement de la loyauté.
Mauvaise graine (S03; E02)
 

Au fil des épisodes, Carol et Tony se rapprochent de plus en plus. Au départ exclusivement professionnel, leur duo se renforce à mesure des succès obtenus et prend une connotation plus intime et affective.
Carol est particulièrement jalouse de Kate, l'amie psy de Tony qu'il console après la mort de son mari. Pour l'aider à faire son deuil, il "l'épouse" au cours d'une cérémonie fictive. On assiste à une scène incroyable au début de l'épisode Dans l'ombre du roi, lorsque Carol déboule en trombe en invectivant Tony et réalise avec effarement qu'elle est au beau milieu de "SON" mariage !
 
Quelque soit l'heure, le psychologue est toujours disponible pour Carol et l'aide à surmonter ses peurs. Elle s'ouvre à lui en toute confiance. C'est uniquement à Tony qu'elle peut confier ses faiblesses et ses aspirations secrètes.
 

Tony : Vous voulez l'ami ou le psy ?
Carol : Lequel êtes-vous à cette heure ?
Mauvaise graine (S03; E02)
 

Bien souvent, Tony lit en elle comme dans un livre ouvert. Son désir d'avoir un enfant est ainsi évoqué le première fois dans l'épisode Illumination où des enfants sont tués alors qu'elle-même va devenir marraine. Il se concrétise dans Mauvaise graine quand Carol avoue à Tony, pendant une séance de psychanalyse sous hypnose, son envie d'être mère après être allée au Planning Familial vérifier si elle était enceinte.
 
Cette fois-là, elle s'effondre et perd ses moyens. Carol, qui donne l'image d'une femme forte et toujours maîtresse d'elle-même, montre avec lui son côté vulnérable. Lorsqu'elle se met à pleurer au volant de sa voiture en présence de Tony à ses côtés, elle lui confesse :
 

Carol : Vous pouvez être flatté, vous êtes le seul devant qui je craque.
Illumination (S02; E02)
 

Carol est réellement désireuse de trouver l'homme et le bon pour construire une union stable et durable et avec qui fonder une famille. Ce sentiment clairement exprimé est sa préoccupation constante tout au long de la troisième saison. Mais le psychologue reste hermétique à son vœu.
L'heure du choix
 
Dans Le Sniper, ultime épisode sombre et poignant de la troisième saison, nous voyons Tony et Carol ensemble pour la dernière fois.
 
Victime d'un coup violent à la tête, Tony Hill apprend fortuitement à l'occasion d'une radio de contrôle qu'il a un méningiome intracrânien, une tumeur au cerveau d'aspect évolutif. Le diagnostic est sans appel. Le neurologue lui annonce sans trop de ménagement que l'issue est fatale à court terme. Son état va se dégrader très rapidement s'il ne se fait pas opérer d'urgence. Mais l'opération est extrêmement risquée et peut laisser de graves séquelles...
 
Face à ce terrible verdict, Tony encaisse le choc. En réalité, sa réaction est d'effacer le discours médical intolérable et de continuer comme si de rien n'était, sans en parler à personne. Pourtant, Carol se doute de quelque chose :
 

Carol : What did the hospital want ?
Tony : They had something wrong with the X-ray machine.
Carol : It's not what they said... Sorry, I'm nosy. Part of my job description.
Tony : They think it's a brain tumour. An intracranial meningioma. But if I can pronounce it, there can't be that much wrong with me.
 

On a l'impression que Tony semble accepter plutôt bien la nouvelle, ce qui est faux. Il l'intellectualise et neutralise ses émotions - pour un temps. Sa première réaction est en effet le déni de sa maladie. Ce n'est pas un déni total car une partie de sa personne sait la vérité, mais sa conscience la refuse et la rejette.
 
Conscient que le temps joue contre lui, son mécanisme de défense est de se jeter à corps perdu dans l'affaire au détriment de lui-même.
 
Carol assiste impuissante à la dégradation de son état et la manifestation de ses nouveaux troubles de la personnalité. Tony Hill va mal. Il trébuche sur les mots, ses mains tremblent, ses pensées sont incohérentes, ses idées confuses. Bientôt, il se montre irritable et son comportement devient erratique.
 
Une partie du psychisme de Tony réagit en effet par une projection agressive. Ses paroles blessantes ou sa colère violente face à Penny Burgess ne lui ressemblent plus. À un moment, il demande sarcastique à Carol :
 

Tony : You want the nice Tony back.
Carol : I'll take any Tony as long as he is alive.
 

Autant que possible, Carol se tient disponible pour lui, l'accompagne à l'hôpital, le soutien et le protège de ses tendances destructrices. Elle est atterrée lorsque Tony ne s'est pas présenté à l'hôpital pour l'opération prévue, pour autant elle ne s'immisce pas dans son libre-arbitre.
L'heure du questionnement
 
Si Tony Hill est capable d'aimer, Carol Jordan est bien la seule femme qu'il puisse aimer. Tony se sent bien en sa compagnie et c'est probablement la première fois de sa vie que son cœur se met à battre réveillant en lui des sentiments refoulés. Des émotions ambiguës et complexes se bousculent, mais son affect reste prisonnier de sa psyché tourmentée.
 
De nombreuses fois, il se montre ébranlé presque sur le point de se déclarer. Dans l'épisode Quand la nuit tombe, Tony se voit remettre en question sa relation avec Carol. Quel en est le sens ? Qu'attend-t-elle de lui ? Il fait systématiquement le sacrifice de son travail pour elle, il quitte tout dès qu'elle l'appelle, mais ne réagit jamais positivement non plus à ses sollicitations.
 
Dans l'épisode Quand la nuit tombe, Tony, en rentrant chez lui, croit que Carol lui a fait la surprise d'un diner aux chandelles. Sa joie retombe brusquement quand il découvre que c'est Patricia qui l'a suivi jusqu'à son domicile. Ce soir-là qui sait ce qui aurait pu se passer si Carol avait été là ?
 
Tony tient profondément à Carol, il est mort d'inquiétude dès qu'elle prend des risques pour son métier. Il se tient à son chevet à l'hôpital quand elle a été victime d'une agression. Il lui sauve la vie à plusieurs reprises. Quand il pressent qu'elle est en danger, on le voit se précipiter affolé et on assiste à l'une de ses rares effusions quand il la retrouve saine et sauve (Le Silence des collines, Quand la nuit tombe).
"The twenty-one-gun salute crackled out across the graveyard. Carol turned her head to meet Tony's eyes. A small, almost imperceptible nod passed between them. It was, he thought, amazing how little we needed to survive."
 
The Torment of Others, Val McDermid
Si Carol est éprise du Docteur Hill, ce dernier n'est pas insensible non plus. Visiblement, Tony ne peut s'empêcher d'être attiré par la jeune femme et éprouve des émotions nouvelles. Son talon d'Achille est qu'il est incapable d'exprimer ses sentiments ouvertement et de franchir le pas.
 
Une sorte de jeu de séduction s'installe entre eux, tantôt l'un ouvre la danse, tantôt l'autre. On assiste à des échanges de regards incroyables dans plusieurs scènes. Ces tête-à-tête très révélateurs et suggestifs créent une tension sensuelle de charge érotique hautement palpable. En particulier dans ce fascinant jeu de domination et de soumission :
 
Tony : [...] even between you and your lawyer.
Carol : Okay then, so what about between us ?
Tony : You and me ?
Carol : Yeah. You said every relationship.
Tony :  It’s a tough one...
Carol: So I ask.
Tony :  Turmoil. Small turf wars. Each person fighting the other for submission, or to be the more submissive...
[Carol se penche soumise sur son épaule en attente d'un " you-can-kiss-me-now " auquel ne réagit pas Tony, puis dans un souffle revient à l'enquête]
Carol : We’re ruling out a couple, then ?
Tony :  ... Yeah... Yeah.
Anges et démons (S01; E03)
 
Malgré l'intensité de l'appel qu'il lit dans les yeux de Carol, Tony, tout en répondant à son regard, élude la réponse et garde ses distances. Leur relation n’a de cesse de se dérober inéluctablement. Tout reste du domaine de l'allusion subtile, du sous-entendu, de l'insinuation plus ou moins formulée, toujours avec une extrême pudeur.
 
Les scénaristes jouent avec nos nerfs pendant les trois premières saisons. On est à l’affut du moindre regard, du moindre contact, du plus petit geste, du frôlement de leurs visages. On pressent qu'ils pourraient devenir amants à tout instant. Cela ne se produira jamais. Une relation définitivement platonique, sans espoir de concrétisation physique.
 
Paradoxalement, le psychologue rend toujours les dialogues avec Carol très équivoques et sexualise les conversations. Il emploie des mots directs et crus, use de métaphores très ambigues. Carol est extrêmement troublée par ces allusions. Est-ce un jeu de séduction. avec elle ? La jeune femme perd ses moyens et se laisse submergée par des pensées et des sentiments eux-mêmes très confus. Comment résister à l'attirance que Tony exerce sur elle ?
Maintes fois dans la série, leurs regards et leurs esprits se rencontrent sur le miroir sans tain de la salle d’interrogatoire ou se reflètent sur une surface translucide, créant une véritable communion entre eux, une tension troublante et sensuelle quand le corps de Carol s’abandonne pour exécuter les pensées de Tony.
 
Si Tony est supérieurement intelligent, ses concepts abstraits, ses raisonnements complexes et son discours érudit peuvent devenir inintelligibles. Carol le lui reproche ses démonstrations hermétiques à plusieurs reprises :
 

Carol : Vous parlez comme un livre.
Tony : Ah bon, je ne m'en rends pas compte.
Chapelle ardente (S01; E02)
 
Carol : Tony, pourquoi rien n'est jamais simple avec vous ?
Quand la nuit tombe (S03; E03)
 

Tony se base sur une symbolique intellectuelle et cherche à faire coïncider les faits avec ses théories. Carol garde la tête froide d'une professionnelle et a besoin de pièce à conviction. Elle le rappelle à l'ordre : rien n'est valable sans preuves concrètes !
 

Carol : Je m'occupe des faits et des circonstances. Du solide, de l'irréfutable.
Dans l'Ombre du Roi (S02; E03)
Trouble des sentiments et jeu de séduction
 
Inévitablement, leur attachement se renforce et devient plus profond à mesure de leur étroite collaboration. Les sentiments se mêlent peu à peu au travail. S'installe alors entre eux une relation complexe et équivoque où les mots sont inutiles.
 
L'inspectrice est vite troublée par le psychologue brillant et bientôt séduite par l'homme qui se cache derrière. Elle éprouve une fascination mêlée d'attirance et de tendresse et finit par tomber amoureuse. Tony est un homme si différent des autres, c'est un être envoûtant, attachant, involontairement terriblement séduisant, mais il semble n'accorder aucune place à une relation sentimentale.
 

Carol Jordan : Vos capacités relationnelles laissent à désirer...
L'Ange de la miséricorde (S02; E04)
 
Carol: Je ne peux pas croire que vous vivez sur la même planète que nous autres.
Mauvaise graine (S03; E02)
 

C'est toujours Carol qui fait le premier pas et tente une approche en essayant de lui faire comprendre ce qu'elle ressent. Elle ne l'aborde jamais franchement car elle ne veut pas brusquer les choses avec lui. Elle le sent trop fragile et vulnérable sur ce sujet et craint une réaction de rejet. Carol est décidée d'attendre le moment opportun quand il sera prêt. Mais Tony le sera-t-il jamais ?
 

Carol : I'm celebrating. [...] Most people drink champagne, I tease psychologists.
Dans l'ombre du roi (S02; E03)
Un duo plus que professionnel...
 
En fin de compte Carol et Tony se ressemblent sur bien des points et leurs vies privées sont assez semblables. Tous deux sont célibataires, ont connu peu de relations amoureuses et sont entièrement voués à leur travail, ce qui laisse peu de place pour le reste. Quitte à y laisser des plumes, la passion de son métier a rendue Carol solitaire et l'a dotée d'un humour sarcastique.
 

Carol : We were close. I thought. Then I got promoted up here, tried the weekend commute thing for a few months. Then he said that sex with me was great but it wasn't worth a three hour drive. What about you ?
Tony : Sex with me is definitely not worth a three-hour drive. Maybe a five-minute walk. If it's not raining.
Le Chant des Sirènes (S01; E01)
 

Carol se confie librement à Tony qui est psy, et lui avoue que sa vie privée n'est pas une réussite. Ses relations sentimentales sont vouées à l'échec car elle donne toujours priorité à sa vie professionnelle. Elle a cependant vécu une relation sérieuse avec un chirurgien qui l'a finalement laissée tomber.
 
Quant à Tony, il est totalement dépourvu de vie sociale et avoue qu'il est un "désastre". Aucune liaison à son actif, sa vie sexuelle semble se résumer à néant. Il n'a d'ailleurs pas de vie privée "normale" et ne "fréquente" que son travail. La première fois qu'il l'évoque avec Carol, il admet que la seule femme de sa vie est l'une de ses patientes psychopathes de l'asile...
 

Carol : Well, you are a bit of a weirdo. Maybe you frighten them.
Le Chant des Sirènes (S01; E01)
 

Quand Carol tente d'aborder des sujets privés avec Tony, elle le sent mal à l'aise. Ce qu’il dit est généralement à côté de la plaque et souvent très maladroit.
 

Carol : Does your wife know you're out at this time of night ?
Tony : Wife ?
Carol : Typical man. You woo us, you marry us, you've got us, you forget us.
Tony : Ehh, it was her cooking. She burned everything.
L'Ange de la miséricorde (S02; E04)
Le duo atypique
 
Dans les séries policières, les enquêteurs ne sont généralement plus seuls (Colombo, Craker, MacGyvver, etc.), mais œuvrent en duo. À l'origine les duos sont majoritairement masculins (Holmes et Watson, Starsky et Hutch, Deux flics à Miami, Inspecteur Morse, Barnaby ou Lewis, etc.) puis mixtes à partir des années 1990  (X-Files, Bones, Meurtres à l'anglaise, etc.) jusqu'à aujourd'hui (Castle, Mentalist, Elementary, etc.).
 
Cette transformation a introduit entre coéquipiers la notion de rapport de force et/ou d’amour - souvent déclaré, parfois renié - et joue sur l'ambiguïté de cette relation (Mulder et Scully, Grissom et Sarah). Ces dernières années ont vu l'émergence d'un duo formé d'un consultant masculin en association avec une femme flic (Patrick Jane/Teresa Lisbon, Rick Castle/Kate Beckett).
 
Quelques années en avance, Wire in the Blood a bouleversé la répartition des rôles que l'on voyait classiquement dans les fictions de l'époque.
 
Le duo Tony Hill/Carol Jordan brise les clichés et lui confère un équilibre unique original. Cette remise en cause des genres associe une policière aux méthodes expéditives et pragmatiques à un psychologue atypique, fragile et asexué.
 
Si au départ, le clinicien et l'inspectrice contrastent par leurs différences évidentes, ils se révèlent en harmonie sur le plan psychologique et parfaitement complémentaires dans le travail.
 
Néanmoins, il est impossible de les imaginer concrètement liés. Carol se doit d'observer les faits, trouver les indices, respecter les procédures et obtenir rapidement des résultats. De son côté, Tony travaille en théoricien aux déductions abstraites et spéculatives, sans aucun sens pratique.
 
Pourtant, il fallait s’en douter, entre Tony Hill et Carol Jordan, il se passe quelque chose...
La rencontre
 
Confrontée à une enquête difficile, Carol est déterminée à suivre son intuition et cherche une opinion externe à la police sans prévenir sa hiérarchie. Elle décide de demander l'expertise du célèbre Dr Anthony Hill, psychologue-clinicien et professeur universitaire. C'est un spécialiste des tueurs en série capable d'élaborer des profils psychologiques précis, parfaitement désigné pour l'aider.
 
Elle l'aborde à la sortie de l'hôpital psychiatrique où il travaille. Elle est surprise et déstabilisée par cet homme si différent des autres. On assiste à une scène cocasse entre eux dans un jeu de quiproquos et de chassés-croisés autour de la voiture. Tony multiplie étourderies et maladresses sous le regard amusé de Carol.
 
À la fois intriguée, intéressée et troublée, Carol s'aperçoit vite de la difficulté à communiquer avec lui. Si Tony se montre réticent : "Je suis psychologue, pas profileur ", il accepte néanmoins de lui donner un coup de main sur l'affaire.
 
De retour chez elle, Carol raconte à son frère Michael sa rencontre avec le fameux docteur "chaleureux, charmant, très humain et complétement cinglé ! " En fait, elle est déjà tombée sous son charme...
 

Carol : His name's Tony Hill - Clinical Psychologist. I asked him to have a look at the latest.
Michael : Bit nice ?
Carol : Yeah. Warm. Funny... in every sense.
Le Chant des Sirènes (S01; E01)
 

Dès cette première rencontre s'esquisse une relation qui joue sur le trouble et l'ambiguité, et le choc de deux personnalités différentes : la détermination et la sensibilité de Carol Jordan, la complexité et l'inhibition de Tony Hill. Ce médecin fascinant et déconcertant qui évolue en solitaire dans son propre monde va bouleverser son existence de et la pousser au-delà de ses limites en la rendant meilleur détective. Ce que Carol n'aurait jamais pu prévoir, c'est de tomber amoureuse de lui...
Les relations de travail
 
Entre eux, le courant passe vite et bien dès leur première collaboration. Carol et Tony n'ont pourtant rien en commun : profession, environnement, approche, méthode, etc. tout les opposent mais leurs différences s’équilibrent et se complètent naturellement en fin de compte. 
 
Dans un premier temps, Carol doit gérer les tensions au sein de son équipe à l'arrivée du Dr. Hill. Beaucoup des membres de la police n'ont pas confiance dans ses méthodes et raillent ses élucubrations, d'autres sont rebutés par ses manières. De l'avis général, le psychologue n'est pas le bienvenu et gène le travail.
 
À l'inverse de ses coéquipiers, Carol se montre très ouverte aux raisonnements de Tony et reste en permanence à son écoute. Bien souvent, elle prend son parti et lutte contre sa hiérarchie pour défendre ses idées singulières.
 
Elle le sollicite dans les affaires les plus déconcertantes où lui seul parvient à percevoir ce que nul autre n'est capable de voir. Au fur et à mesure des enquêtes, la perspicacité de Tony Hill à pénétrer dans l'esprit des criminels fait ses preuves et il est accepté dans l'équipe, sauf par Don Merrick qui quitte la police.
 
Carol est parfaitement consciente que le Dr. Hill est un atout majeur, mais elle est aussi étrangement attirée par l'homme et tombe peu à peu sous son emprise.
 
Bientôt une interdépendance fusionnelle se crée entre les deux personnalités. Ils travaillent en osmose et quand il s'agit de résoudre des crimes, ils font des étincelles.
 
Tony réfléchit, Carol agit. Le fait qu'il l'aide à mener les interrogatoires en lui murmurant ce qu'il faut dire à l'oreillette, en la conseillant sur la conduite à tenir pour ne pas aller trop loin, rend très vite leur relation professionnelle très intime.
Cet épisode à connotation philosophique, engendre une tension particulièrement troublante, car La Fureur dans le Sang nous demande toujours de regarder plus loin que l'évidence, et aborde ici le sujet du destin, du sens de notre existence et de la mort.
 
"C'est de l'ordre de la nature humaine de chercher à expliquer les choses", dit le Dr Hill en paraphrasant Carl Gustav Jung, maître du synchronisme, "nous sommes tellement désespérés de donner du sens à toute chose que nous en inventons. "
 

Tony : It's the hand we don't see.
Carol : What do you mean ?
Tony : It's the times the cards told him not to shoot. Queen, Jack, Seven. Jung's theory of synchronicity says there are links between events
beyond cause and effect. Patterns the conscious mind can't perceive.
[silence]
Tony : There is no such thing as coincidence or accident.
Carol : Did Jung say that as well ?
Tony : No, that was Joe Stalin. And he was one of history's greatest murderers, second to cancer.
 

Tony tente de se concentrer sur cette énigme impénétrable où le hasard est l-unique facteur clé. Inexorablement, son Soi passé lui échappe. Il perd ses facultés intellectuelles et chavire physiquement. Il n'arrive plus à penser clairement et se sent inutile.
 
Si Tony semble accepter sa mort inéluctable, comment peut-il accepter en revanche que le sort et le hasard soient les seuls éléments déterminants ? C'est le sens de la relation qui unit Tony et Carol. Face à la fatalité et à la mort qui peuvent les séparer pour toujours, tous deux se rapprochent plus près que jamais. Ils doivent maintenant décider de leur destin.
 
Pour la première fois, Carol prend du recul par rapport à l'enquête. Elle est prête à quitter son travail pour s'occuper à plein temps de Tony tant elle a peur de le perdre. Mais il doute et refuse son sacrifice.
 

Tony : No. You don’t wanna do this. Not with me.
Carol : Yes, I do. Of course I do.
 

Tony souffre de troubles de mémoire et d'hallucinations. Il se souvient de choses qui ne sont jamais arrivées. Vérité et fiction s'entremêlent dans son esprit. Le profileur qui possédait ce don unique de pénétrer les esprits des autres, est en train de perdre le sien.
 
À travers ses divagations, Tony évoque un faux souvenir qui sonne comme une sorte de déclaration d'amour et trahit le vœu secret de Carol. Ce qui est cristallisé par une scène poignante très émouvante. Tony exprime-t-il enfin son désir secret d'être avec Carol ? ... son amour ?
 

Tony : Do you ever wish we were still lovers ? Remember that we in Paris ? We spent two days in bed. Oysters from room service. We should do that again.
Carol : Tony, we were never lovers.
Tony : It felt like it to me.
Carol :  What I mean is that it never happened. I'm sorry... You must be thinking...
Tony : I can't think straight... I don't know what's real, what's accident, what's intention [...] What's this ? And what's this ?
Carol : Try to hang on. Tony you're still here. It's still you.
Tony : And when I talk to myself, there's no one there. I miss me.
 

Ses paroles révèlent-elles un sentiment refoulé, un fantasme, un rêve ? N'est-ce qu'une hallucination ? Carol au bord des larmes est bouleversée.
 
 
 
Le personnage de l'inspectrice Carol Jordan est directement inspiré du portrait dressé par Val McDermid dans ses romans. Physiquement, Carol est décrite comme "une jeune femme intelligente, séduisante, à la silhouette élancée, aux épais cheveux blonds et aux yeux verts."
 
Val McDermid a déclaré à propos de la prestation de Hermione Norris : "Elle apporte une réelle intelligence et perspicacité à son rôle, ce qui démontre l'étendue de ses compétences par rapport à d'autres séries." Quant à la comédienne, elle rappelle en effet que son personnage est celui "d’une femme ambitieuse et  intelligente ayant réussi à imposer le respect dans le milieu d'hommes de la police. "
 
Carol Jordan se voit donc dotée des caractéristiques traditionnellement attribuées aux héros masculins de fictions policières de l'époque. L'homme d'action, c'est elle !
 
Jeune femme énergique, à la sensibilité aiguisée, elle dirige d’une poigne de fer la division des enquêtes criminelles de Bradfield (Major Incident Team ou MIT of Bradfield Metropolitan Police's CID) dans le Nord-Est de l'Angleterre. Une équipe majoritairement d’hommes qui la respectent et lui obéissent presque avec dévotion. L'un d'eux, Don Merrick, éprouvant plus qu'une simple admiration pour sa chef.
 
Au sein du duo qu'elle forme avec Tony Hill, c’est aussi elle qui enfonce les portes arme au poing, crie les ordres et n'a pas peur de prendre des risques, lui se tenant toujours à l'écart et n'intervenant jamais.
 
Carol est une femme courageuse et ambitieuse. La policière, qui a tant à prouver à son chef et à ses collègues dans cet univers masculin, a toujours joué la partie pour être à la hauteur et la meilleure dans son job. Heureusement, elle a l'appui de son patron John Brandon qui a décelé son potentiel, la soutient et lui donne la chance de déployer ses ailes. Son parcours est exemplaire.
 
Au cours des trois séries où elle apparaît, Carol est promue d'inspecteur-détective (Detective Inspector ou D.I.) à inspecteur en chef détective (Detective Chief Inspector ou D.C.I.) grâce à ses qualités exceptionnelles et son efficacité. On sait qu'elle a débuté comme capitaine (Dans l'Ombre du Roi).
 
Carol a vécu une enfance ordinaire avec son frère cadet, Michael. Tous deux partagent une relation étroite et complice. Au début de la série peu après la mutation de Carol, ils habitent ensemble dans un petit appartement à Bradfield.
 
Sa vie amoureuse répond à cette volonté de casser les clichés. Carol a choisi d'être célibataire. Elle se contente d'être marié à son travail qui reste sa priorité et se montre très exigente dans le choix de ses partenaires. Son seul compagnon à demeure, c'est son chat roux Nelson.
 
Sa vie privée a subit les conséquences du changement majeur dans sa carrière. On apprend qu'elle a fréquenté un chirurgien à Londres qui l'a laissée tombée après sa promotion à Bradfield, lassé des allers-retours pour la retrouver le weekend.
 
S'ils n'acceptent pas son emploi du temps, ses amants ne valent pas son attention. Hors de question pour elle de perdre son temps pour une vie sociale. C’est dans l'épisode Anges et Démons de la première saison, que nous voyons Carol imposer sa volonté amoureuse à son petit ami, un avocat du nom de Spencer, qu’elle convoque ou renvoie selon son bon plaisir. Après une brève liaison, elle finit par l'éconduire aussi brusquement que définitivement.
 
Néanmoins, elle n'est pas prête à tout faire, ni tout sacrifier pour servir son métier. Si Carol Jordan donne l'image d'une femme forte, c'est aussi un masque qui cache sa vulnérabilité et ses émotions.
 
Sa vie et sa carrière seront bouleversées définitivement après sa rencontre avec un coéquipier improbable : le Dr Tony Hill...
 
À la fin de la troisième saison, Carol quitte l'Angleterre pour toujours et s'exile en Afrique du Sud. Cette rupture nette et brutale est la seule issue pour elle : refaire sa vie sans Tony et sacrifier son amour irrémédiablement condamné à rester platonique. Elle est remplacée par Alex Fielding (Simone Lahbib) à partir de la saison 4. Mais c'est une autre histoire. C'est entre Carol et Tony que l'alchimie fonctionne le mieux.
 
Examinons de plus près leur relation si singulière, fil conducteur des trois premières saisons, pour laquelle on éprouve une grande tendresse.
"Une relation peut se baser sur la confiance et l’amour sans pour autant finir au lit ! Si le personnage de Hill, sa complexité, sa sensibilité, est l’atout majeur de Wire in the Blood, la relation unique entre le psychologue et l’inspectrice est un autre attrait de la série et non des moindres, car c'est très cérébral, loin de la tension sexuelle entre Mulder et Scully par exemple. Le fait est que Tony a besoin de Carol. C’est très simple, il a besoin de sa compagnie. "
 
Robson Green, acteur-producteur  de Wire in the Blood
Hermione Norris voit le jour en Février 1967 dans le quartier de Paddington à Londres. Elle est la seconde d'une famille de quatre enfants et son père choisit de la prénommée comme la fille d'Hélène de Troie. Ses parents, Helen et Michael Norris, se séparent alors qu'elle n'a que quatre ans et Hermione déménage dans le Derbyshire. Elle grandit à Berkshire avec sa mère, ses trois sœurs, ses deux demi-sœurs et sa grand-mère. Elle retourne ensuite à Londres quelques années plus tard. Son père meurt lorsqu'elle a 21 ans.
 
Hermione avoue avoir raté son examen d'entrée en 6ème et du coup, commencé une formation de danseuse au Elmhurst Ballet School dans le Surrey avec l'obtention d'une bourse. Elle complète ses études de danse à l'âge de 17 ans tout en suivant parallèlement des cours de théâtre. À 19 ans, Hermione s'inscrit au LAMBDA, ce qui lui procure l'opportunité de se rendre à l'École d'Art de Moscou grâce à un programme d'échange pour étudiants.
 
Hermione débute sa carrière professionnelle en jouant de petits rôles au théâtre et à la télévision. Tout en continuant à étudier l'art dramatique, elle apparait dans plusieurs productions théâtrales : La Mouette de Tchekhov au Moscow Arts Theatre, A Midsummer Night's Dream, Man and Superman, Three Judgements in One, September Tide, Look Back in Anger, Blinded By The Sun au National, ainsi qu'à la première mondiale de Reader au Traverse Theatre d'Édimbourg.
 
En 2005, elle retourne à la scène après une interruption de 9 ans pour jouer le rôle-titre dans la courte pièce Petronella dans le cadre de l'Old Vic.
 
Hermione Norris fait ses débuts à la télévision en 1990 dans Blood Rights dans le rôle de Virginie. On la voit également dans des séries telles que Poirot, Clarissa and Drop the Dead Donkey.
 
Pourtant, sa carrière ne décolle pas comme prévu et elle doit travailler comme caissière dans des supermarchés et des centres commerciaux pour joindre les deux bouts. Hermione avoue au Mirror qu'elle a été vendeuse de double vitrage et a même dû distribuer des prospectus promotionnels déguisée en lapin...
 
En 1996, après avoir connu le chômage pendant quatre mois, elle envisage de tout abandonner pour s'orienter vers un diplôme de droit.
 
C'est alors la chance de sa vie quand elle décroche le rôle de Karen Marsden dans les 33 épisodes de la série Cold Feet : Amours et petits bonheurs. Pour sa performance iremarquée dans la série de Granada TV, elle est nominée dans la catégorie Meilleure Actrice aux British Comedy Awards en 2001. Hermione est également covedette avec Christopher Eccleston du drame de la BBC, Killing Time : The Millennium Poem. En 2002, elle fait son apparition dans le téléfilm Falling Apart dans lequel elle joue une femme prisonnière d'une relation abusive.
 
C'est également cette même année qu'elle est choisie pour l'un des rôles majeurs de sa carrière, l'inspectrice Carol Jordan aux côtés de la star Robson Green dans Wire in the Blood. Elle continue dans la série jusqu'en 2004 à la fin de la troisième saison, soit 14 épisodes.
 
En effet, les événements de sa vie vont changer la donne. Grâce à Wire in the Blood, Hermione ouvre un nouveau chapitre dans sa vie en rencontrant son futur mari, Simon Wheeler, scénariste et producteur de télévision responsable du développement chez Coastal Productions, la société de production de Robson.
 
La romancière Val McDermid raconte : "Hermione Norris qui joue Carol, a rencontré son mari, Simon à l'occasion de la lecture du premier épisode de Wire in the Blood. Simon était l'éditeur de scénario chez Coastal Productions des deux premières séries, et tandis que meurtre et la destruction faisaient rage autour d'eux, ils sont tombés amoureux et se sont mariés il y a un an. Nous avions initialement prévu de filmer la troisième série à la fin du printemps et au début de l'été. Mais tout a été remis en cause en raison d'une circonstance imprévue. Hermione attend son premier bébé pour Juin, donc évidemment elle ne peut plus courir pour chasser les tueurs en série si elle est sur le point d'accoucher. Alors à la place, nous allons filmer à l'automne. Nous nous sentons tous très concernés par le bébé. Ce sera le premier bébé Wire in the Blood ! "
 
Hermione épouse Simon Wheeler en Décembre 2002 et ils ont deux enfants, un fils né en Juin 2004, Wilfred Simon, et une fille née en Août 2007, Hero.
 
À la naissance de son premier enfant à 37 ans, Hermione souhaite arrêter la série pour s'en occuper. Elle pense aussi avoir fait le tour de son personnage et n'avoir plus rien de neuf à proposer pour Carol Jordan.
 
En 2003, Hermione joue dans le remake de Lucky Jim de Kingsley Amis. En 2005, elle obtient le rôle de Ros Myers dans la série d'espionnage Spooks (MI-5) de BBC One. Elle tient ce rôle d'action durant 34 épisodes de 2006 à 2009 ce qui lui vaut le prix ITV3 Crime Thriller au titre de Meilleure Actrice en 2008. On la voit dans plusieurs séries britanniques depuis 2006 : Kingdom avec Stephen Fry (2007-2009), Bouquet of Barbed Wire (2010), Outcasts (2011).
 
En dehors de feuilletons télévisés, Hermione a également joué dans quelques films dont les plus notables sont : Born Romantic (2000), film britannique réalisé par David Kane, Quicksand (2003), film d'action avec Michael Keaton et Michael Caine et Separate Lies (2005), film dramatique britannique réalisé par Julian Fellowes.
Nous restons sur notre "fin"...
 
Pourtant l'espoir d'un dénouement heureux semblait encore possible dans le dernier épisode...
 
La maladie mortelle de Tony les rapproche plus que jamais. Si près de le perdre, Carol tient à lui plus que jamais. Mais une fois Tony hors de danger, Carol est consciente qu'elle ne peut rien espérer de lui. Les sentiments de Tony n'atteindront jamais la hauteur de ses espérances et son amour ne sera jamais partagé physiquement. Carol a besoin de certitudes dans sa vie et d'un avenir concret que Tony ne peut lui apporter. Il n'est pas l'homme qui peut l'épouser pour fonder une famille. Sa seule façon de continuer à vivre est de faire le sacrifice de son amour. Carol préfère partir sans se retourner.
 
Leur histoire s'achève ainsi de façon plutôt abrupte. L'écriture de cet ultime épisode où on voit Tony Hill et Carol Jordan ensemble pour la dernière fois est la conséquences d'événements bien réels.
 
Enceinte de son premier enfant à 37 ans, Hermione Norris a tout simplement décidé de quitter la série. Elle souhaitait également passer à autre chose et a déclaré à ce sujet "avoir fait le tour de son personnage et n'avoir plus rien de neuf à proposer pour Carol Jordan."
 
Son départ a beaucoup affecté l'équipe de production qui a dû trouver une actrice capable d'assurer la relève de l'énergique inspectrice et de faire face à Robson Green.
 
En conséquence, il fallait adapter une fin. D'un point de vue scénaristique, il fallait s'y attendre car leur union serait inéluctablement vouée à l'échec. L'intrigue respecte l'œuvre romanesque puisque Val McDermid a toujours déclaré qu'il n'y aurait pas de "happy end" entre eux.
 
Le point de vue des téléspectateurs a été moins conciliant, majoritairement scandalisés et déconcertés par le départ inexpliqué de Carol. On aurait souhaité un peu de romance, ce couple singulier méritait un destin plus heureux. On peut regretter l'absence d'Hermione Norris qui avec Robson Green rendait cette relation unique si sensible et attachante.
 
Cette fin nostalgique engendre une certaine frustration et incompréhension, mais reste parfaitement dans l'esprit de cette remarquable série.
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