Robson et Jack Charlton
Ses souvenirs lui inspirent un tableau le représentant enfant, tendant les bras vers la liberté debout sur le dos nu de son père (ci-contre).
 
Lorsqu'on demande à Robson d'expliquer le symbolisme de sa peinture, il est bouleversé. Elle traduit à la fois l'amour entre père et fils, l'amour dans la famille, la camaraderie des mineurs, l'esprit de solidarité et de fraternité d'une communauté où tout le monde se connaissait.
 
Robson a voulu exprimer son besoin de s'affranchir d'un héritage aliénant, comme s'il voulait briser la "chaîne" du dessin d'Harry Wilson.
 
En choisissant d'être acteur, il s'est s'échappé de ce monde rude et du travail pénible symbolisé par son père à genoux s'échinant dans la mine.
 
C'est l'évocation du petit garçon de sept ans rêvant d'évasion pour atteindre la liberté. Mais c'est aussi la vision d'un sentiment d'appartenance, de communautarisme et de liens indéfectibles.
 
"Ma peinture de l'enfant sur le dos paternel, me représente vivant du dur labeur de mon père et de ses collègues, à l'instar des Pitmen Painters."
Les larmes aux yeux, sa voix se brise sous l'émotion  au souvenir de son père décédé et de ce monde disparu.
 
"Ma réaction était totalement inattendue. J'ai réalisé que j'avais peint un tableau me représentant en train de revendiquer mon identité et mes racines. "
 
Même si les parents de Robson ont divorcé quand il avait 11 ans, la communauté était si soudée que cela faisait peu de différence.
 
"Papa venait toujours à la maison de maman. Elle fut dévastée quand il est mort en Février 2009 d'un cancer du poumon, à l'âge de 73 ans."
 
Robson et sa femme Vanya ont eu un fils Taylor, né en 2000. Il raconte : "Taylor est venu à l'enterrement de mon père et je suis heureux et fier qu'il ait vu notre héritage. "
Les mineurs d'antan travaillaient dans des conditions extrêmement difficiles et primitives et Robson est surpris de découvrir que l'industrie charbonnière contemporaine utilise de puissantes machines de coupe industrielles au lieu de pioches et de pelles, et que les tunnels sont assez hauts pour se tenir debout. Ils semblent n'avoir plus besoin des canaris ni des lampes de sureté Davy.
 
Malgré des ascenseurs à grande vitesse et un tapis roulant transportant les ouvriers, il faut deux heures pour descendre de la surface jusqu'à la veine de charbon. Finalement les mineurs d'aujourd'hui doivent être aussi endurcis car "le monde souterrain est chaud et oppressant, et plein de bruits effrayants".
 
"Pour l'émission, je suis descendu dans la mine de charbon de Maltby. J'ai dû marcher 5 kilomètres sous terre avant d'atteindre le front de taille. J'étais bouleversé en réalisant que mon père et ses collègues devaient faire la même chose, et à l'époque, ils devaient ramper le long du puits de mine. Il faisait chaud à crever  là-dedans : plus de 38ºC ! "
 
"Ce fuit une expérience extraordinaire ! A un kilomètre sous la surface de la terre, j'ai fait le tour de cette communauté, constituée d'hommes amicaux, courageux et sacrément bons dans leur travail. "
 
Robson se rend à Ashington, la ville du Northumberland située à quelques kilomètres de Dudley où son père a travaillé et d'où sont issus les Pitmen Painters.
 
Le célèbre groupe de peintres, ainsi appelé Ashington Group, a suivi pour la première fois, des cours d'art et de peinture destinés à les perfectionner.
 
Les fruits de leur travail constituent le patrimoine industriel de leur monde. Leurs œuvres sont aujourd’hui exposées au Musée Woodhorn d'Ashington. L'acteur, particulièrement ému, découvre les toiles de ces artistes, plus de 80 œuvres véhiculant une puissance et une émotion extraordinaire.
Que ce soient les courses de pigeons, les débats sur L'Origine des Espèces, la botanique (pour les producteurs de poireaux), la peinture, la musique, le théâtre et, bien sûr, le football, les mineurs purent s'exprimer.
 
Dois-je penser que la Joconde est une grande œuvre d'art et qu'elle vaut des dizaines de millions de livres ? Non ! Je l'ai vue plusieurs fois et selon moi c'est la représentation d'un gars bien foutu en travesti ! Et pour moi, il s'agit plus d'un froncement de sourcils que d'un sourire en coin.
 
C'est l'impression que j'ai, parce qu'elle a été peinte par l'un des plus grands esprits de l'histoire, nous sommes censés être impressionnés en la regardant. Mais pour moi, c'est le plus bel exemple de snobisme artistique et de vanité.
 
Ne vous méprenez pas, Da Vinci a été l'un des plus grands artistes qui ait jamais vécu, mais, pour moi, la Mona Lisa ne fonctionne tout simplement pas. Je suis incapable d'établir le moindre lien émotionnel avec ce gars travesti, je peux simplement m'enthousiasmer sur le plan intellectuel, qui finalement ne nourrit que la vanité intellectuelle qui entoure le monde de l'art.
 
Cependant, les peintures du Ashington Group, ont, sans aucun doute, une expression avec laquelle je peux me connecter, à la fois sur le plan émotionnel et intellectuel. Les peintres du groupe - Oliver Kilbourn, Harry Wilson et les autres membres - ont le pouvoir d'améliorer notre expérience de la réalité.
 
La linogravure d'Harry Wilson [qui n'était pas mineur mais prothésiste dentaire] représentant le mineur enchaîné à son travail, m'a tout de suite rappelé mon père et sa vie. J'aurais ajouté à ce dessin des femmes et des enfants qui tentent de briser la chaîne.
 
Ces peintures ne sont pas seulement les témoignages et les documents historiques d'un mode de vie, mais également la triste évocation de ce genre de communauté que nous ne reverrons plus jamais.
L'analyse
 
Cette pièce ambitieuse illustre le choc des mondes entre ces mineurs de charbon et leur professeur d’histoire de l’art qui débarque à l’improviste dans leur petit village, sans musée ni bibliothèque.
 
Les personnages des mineurs échangent des dialogues vivants, aux répliques souvent comiques de ces hommes rustres qui opposent leur vision naïve au raffinement érudit de leur tuteur lorsqu'ils tentent d'analyser leurs œuvres. Celui-ci donne des explications savantes sur les modes de représentation, le statut de l’artiste et le rôle de l’art qui peut changer le monde.
 
Les mineurs peignent des scènes de travail qui révèlent la dureté de leur métier dont ils sont pourtant fiers et trouvent dans la peinture une fenêtre ouverte sur le monde et sur leur propre condition.
 
C'est une pièce à caractère historique et social qui traite également de la place de l’art dans le monde ouvrier proposant des thèses sur le sens et la fonction sociale de l’art.
 
Une pièce à succès
 
La pièce a reçu de nombreuses critiques élogieuses et connait un succès constant depuis sa création en Grande-Bretagne.
Woodhorn Colliery Mining Museum
Troisième épisode proposé dans le cadre de Perspectives, le documentaire a été réalisé pour la chaîne ITV1 par Jon Blair, célèbre producteur et scénariste qui a remporté un Oscar pour 'Anne Frank Remembered'.
 
Cette histoire singulière est racontée dans un livre écrit par le critique d’art, William Feaver, "Pitmen Painters: The Ashington Group 1934-1984", qui intervient fréquemment comme consultant aux côtés de Robson.
 
Elle a également inspiré le scénariste britannique du film 'Billy Elliot', Lee Hall, pour l'écriture de sa pièce de théâtre à succès, The Pitmen Painters, basée sur le livre éponyme de Feaver, et toujours jouée depuis sa création en 2007 (voir bas de page).
 
Robson Green And The Pitmen Painters a été diffusé la première fois le 8 Mai 2011.
 
Robson n'est pas critique d'art et possédait peu de connaissances sur l'Ashington Group au début du tournage. Pourtant, le choisir comme présentateur était très judicieux, car c'est ce qui fait la force, la qualité et l'émotion de ce film, intimement lié à sa propre histoire familiale.
 
Fils et petit-fils de mineurs depuis quatre générations, il retrouve ses racines northumbriennes pour nous raconter cette histoire singulière, c'est aussi pour lui un retour nostalgique et émotionnel après le décès de son père l'année précédente.
 
Quand son père est mort en Février 2009, Robson s'est rendu compte qu'il ne savait pas grand-chose de son métier ni de son monde. Le retour à ses origines, lui fait revivre les souvenirs et les lieux de son enfance, de la communauté et de son père qu'il admirait.
 

Robson a passé les 17 premières années de sa vie au cœur du petit village minier de Dudley, dans le Nord Tyneside, à 10 km au nord de Newcastle et à quelques kilomètres au sud de la ville des Pitmen Painters, Ashington.
 
Le père de Robson a passé sa vie entière au fond des puits de Dudley, quand l'industrie houillère donnait du travail à toute la région. Certains membres du groupe Ashington, déjà connus comme peintres à l'époque, ont travaillé dans la même mine que lui.
 
Robson se souvient des cinq mines qui entouraient son village, toutes disparues à l'époque du tournage.
 
L'exploitation houillère a commencé dès le 13ème siècle dans le Tyneside, tissant des réseaux et des liens communautaires imprégnés de la tradition minière. La première mine de charbon de Dudley a ouvert en 1856 et la production s'est définitivement arrêtée en 1977. En 1930, plus de 850 mineurs travaillaient dans les puits, en 2009, il n'en subsistait plus aucun dans le Northumberland.
 
À son apogée dans les années 1920, le secteur faisait travailler 1,2 million de personnes au sein de plus d'un millier de mines dans le pays. Nationalisé après la guerre, il connaît une chute de la production dans les années 80, puis une Grève générale d'un an en 1984-85, sévèrement réprimé par Margaret Thatcher.
 
C'est la fin d'une page de l'histoire industrielle la Grande-Bretagne.
 
Le 18 Décembre 2015, la fermeture de la dernière mine de charbon en activité à Kellingley, dans le Yorkshire, qui employait 450 personnes, marque la disparition d'un métier souvent transmis de génération en génération. La fin de la révolution industrielle et de la puissance de l'Empire britannique, celle aussi d'un combat social historique.
 
Ainsi, Robson tire parti de cette histoire pour réfléchir sur son propre passé et regarder la tornade du changement social qui a tourbillonné à travers les vieux villages miniers depuis l'aventure artistique des Pitmen Painters en 1934.
 
Bien que ces mineurs n'aient pratiquement aucune formation artistique professionnelle, ils cherchaient à saisir la vie de la communauté, qu'eux-mêmes et leurs familles connaissaient depuis l'extraction du charbon dans la veine, jusqu'à la cuisine, où les femmes faisaient cuire le pain.
 
D'un point de vue stylistique, c'est un travail robuste, simple et expressif, bien que des critiques d'art aient parfois souligné des affinités avec d'autres peintres connus du 20ème siècle, tels que Stanley Spencer, David Jones et même Henri Matisse.
 
Bien sûr, l'un des facteurs les plus importants est la fenêtre ouverte et le témoignage sur le monde des mineurs qu'illustrent leurs œuvres.
 
Le documentaire interroge aussi sur ce qui fait un artiste, et nous questionne si la peinture est un art accessible à tous.
 
Robson est particulièrement sensible à leur besoin d'évasion et d'expression artistique, car lui-même a éprouvé très jeune ce désir de liberté et d'affranchissement, pour devenant acteur.
 
Ce film est incontestablement un voyage initiatique et une enquête très intimiste pour rendre un hommage poignant à ce monde si dur dont il est issu.
Pour plus d'infos : TimeLinePitmenPaintersStudyGuide (doc. PDF)
La première des Pitmen Painters a eu lieu au Live Theatre à Newcastle-upon-Tyne, en Septembre 2007, où elle s'est jouée à guichets fermés, avant de passer au National Theater à Londres en 2008.
 
Depuis, Pitmen Painters voyagent dans le monde entier. En Septembre 2010, le public de New York a été enthousiasmé et conquis par l'histoire lors des représentations sur Broadway. La pièce est restée à l'affiche à Broadway jusqu'en décembre 2012, dans une mise en scène de Max Roberts (le mentor de Robson).
 
La pièce a bénéficié d'une deuxième tournée nationale au Royaume-Uni. Aujourd'hui, elle est jouée dans le West End à Londres, au Theatre Royal à Newcastle, à Blyth (Northumberland), Gateshead (Tyne and Wear), Hertford (Hertfordshire), Sunderland (Tyne and Wear), etc ...
 
Les représentations ont lieu aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande ainsi que d'autres pays à travers le monde.
 
Une adaptation, mise en scène par Marion Bierry, s'est produite du  19 novembre au 22 décembre 2010 au Théâtre Artistic Athévains à Paris, et une tournée s'est faite en Suisse en 2009-2010.
-
The Pitmen Painters - Les Peintres du charbon - est une pièce de théâtre de l'auteur britannique Lee Hall (scénariste du célèbre film 'Billy Elliot').
 
Basée sur le livre éponyme du critique d’art William Feaver, la pièce raconte l’improbable destin de mineurs anglais, qui ayant découvert la peinture, ont créé  l’Ashington Group et exposé leurs œuvres dans un musée près de Newcastle. La pièce couvre la période de production des peintres de 1934 à 1948.
 
Durée: 2hrs. 30mins
 
Les personnages
 
Les Mineurs : Jimmy Floyd ; Oliver Kilbourn ; George Brown ; Harry Wilson ; Le p’tit gars
Le Professeur : Robert Lyon
La Collectionneuse : Helen Sutherland
La Modèle : Susan Parks
 
L'intrigue
 
Dans les années 1930 dans le village d'Ashington au Nord-Est de l'Angleterre, un groupe de mineurs décide de s'initier à l'art et s'embarque dans l'une des expériences les plus insolites de l'art britannique et de toute l'histoire de l'art.
 
Mais comment apprendre à "apprécier l'art" quand on n'a aucune instruction ? Harry Wilson , un prothésiste dentaire membre du groupe, engage alors un professeur Maintre de la peinture de l'Université de Newcastle pour leur dispenser des cours du soir.
 
Abandonnant bien vite la théorie pour la pratique, ils expriment leurs vies et leurs émotions sur la toile et voient leurs travaux remarqués par une riche collectionneuse.
 
En quelques années, les artistes les plus avant-gardistes deviennent leurs amis, leurs œuvres sont prises dans des collections prestigieuses et ils sont célébrés à travers le monde de l'art britannique. Portant chaque jour, ils travaillent comme avant, dans la mine.
Le documentaire a été tourné en 2010, principalement dans la ville d'Ashington et au Woodhorn Museum (photo ci-dessus).
 
Le Woodhorn Museum propose une exposition permanente de plus de 80 peintures de l'Ashington Group. Cette collection unique a été compilée par les membres d'origine eux-mêmes pendant de nombreuses années. Ils estimaient que ces peintures représentaient le meilleur de leur travail.
 
Voir le catalogue de certaines de  leurs œuvres dans ce PDF
 
Le film nous fait aussi découvrir les traditios, les villages et les paysages du monde minier du Sud-Est du Northumberland.
Robson raconte l'incroyable histoire des Pitmen Painters, un groupe de mineurs du Northumberland qui se sont réunis en classe du soir en 1934 pour étudier l'art.
 
Ces peintres amateurs, passionnés et avides d'apprendre, ont révélé sur leurs toiles la vie quotidienne des mineurs de l'époque, au fond des fosses, à la maison, dans le village ou le samedi soir au pub et hors du travail avec le jardinage, les courses de chiens ou l'élévage de pigeons...
 
Leurs œuvres réalistes et poignantes transcendent les limites habituelles de l'art amateur et ont fait d'eux des artistes célèbres dans le monde entier, connus sous le nom d'Ashington Group.
 
"The men weren't being taught how to paint, nor were they trying to become professional painters in order to lift themselves out of the pit. They were miners. "
" Considering these men had left school at 12 to go straight down the pit, and had never known a life outside Ashington, it suggested something almost mystical about art and creativity. "
When did you first become aware of the Ashington Group? What made you want to learn more ?
 
Robson : I knew of the Ashington group through the play written by Lee Hall known as ‘The Pitmen Painters’ which was first performed by ‘The Live Theatre Company’ on Newcastle’s Quayside ..It’s the same theatre where I started my professional career. So I guess I wanted to know more about the lives of this extraordinary group and in doing so, hopefully, I would discover more about my father’s life and what he did during his time working underground in one of the most dangerous occupations in the world.
 
What do you feel are the key things that you learned whilst making this film ?
 
Robson : I’ve learnt that if we as human beings do something solely and cynically for the money then in the end you will inevitably fail. I guess the pictures that hang proudly at the Woodhorn Colliery Museum are the only existing visual document of life underground that exists anywhere in the world.
 
I realised that a group such as the one that existed all those years ago wouldn’t exist today. I realised that during that time in a north eastern mining community unlike today there was a real hunger for knowledge, for self improvement and a greater understanding of the world that surrounded them.
 
I also understood just how much this country depended on coal and the men who brought it to the surface - without the mines, Britain would have been crippled.
 
How did it feel to learn so much about your father’s life down the mine ?
 
Robson : Going down Maltby Colliery was an experience that will stay with me for a very long time. You discover a community of hard working men one kilometre under the earth. The men were friendly, fearless and bloody good at their job.
 
It gave me some kind of insight into the conditions my father worked in - although we could walk to the coal face down Maltby, my father, at the start of his mining life, would have been on his hands and knees.
 
But what was deeply apparent was the affection held for one another underground and the dependency the miners felt for one another.
 
Not only is the story of the Ashington Group an extraordinary one but it is also unique. These men never sought recognition, approval, fame or wealth. They were hungry for self improvement but most importantly the group stayed together. Could such a group in today’s society still hold the same values and commitment long term ?
 
I think not. I hope viewers will want to learn more about their story and realise that life sometimes is not about what you are given but more about what we are able to achieve.
 
Has this made you appreciate art more? If so, in what way ?
 
Robson : Painting something from memory, heart or experience took a bloody long time for me. How on earth could a group of men after a hard day’s work under ground go home, bath, get suited and booted and then attend an art appreciation class and produce works of art that later were recognised and celebrated around the world?
 
The film is a real voyage of discovery for you. Was it more emotional than you expected it to be, and in what way ?
 
Robson : Through the image of ‘Robson Living off his Father’s Back’ I guess I realised just how much my father had sometimes suffered under ground just so I and my family could have a better life and I guess in that moment I hadn’t thanked him enough.
 
To me what makes this story so extraordinary is I know that one day generations of children will look at this film and say to themselves, “Did men really work underground to bring something to the surface so that this country could function?”
 
"Mining, the most dangerous occupation in the world, moulds, crafts and paints a certain kind of man. I am proud to say my father was one of those men."
Robson Green and The Pitmen Painters [DVD] sur Amazon.co.uk
 
"Je commence à travailler dès lundi sur le documentaire d'ITV à propos des Pimens Painters, un groupe de mineurs northumbriens qui se sont exprimés à travers la toile. Je ne peux plus attendre ! Plus j'en entends parler, plus leur histoire devient unique et fascinante. "
 
Le père de Robson a passé plus de 20 ans à travailler dans la mine,  tout en détestant cela. Il a tout fait pour le dissuader de devenir mineur et était catégorique pour que, ni Robson, ni son frère, David, ne descendent dans les fosses.
 
"Il n'a jamais voulu que je passe plus de deux minutes au fond d'une fosse. Quand je pense que lui et la plupart des hommes de notre petit village furent condamnés à y passer 40 années ...", déclare Robson.
 
Alors, quand son fils choisit les lumières de la scène plutôt que de le suivre dans l'obscurité impitoyable des mines de charbon des centaines de pieds sous terre, son père fut enchanté.
 
"Je n'ai pas eu besoin de beaucoup de persuasion parce que je savais que je voulais faire quelque chose de différent ou quelque chose que je croyais mieux."
 
"Quand j'étais enfant, j'avais l'habitude de voir mon père rentrer épuisé à la maison, après son quart de travail, son visage et son corps étaient si noirs que c'était effrayant de voir l'eau de son bain. Quand j'ai grandi, je me suis éloigné et j'ai eu l'impression de m'échapper. "
 
"Il y a longtemps que j'ai quitté la communauté minière et beaucoup d'amis, dans le but de devenir acteur. Mais, ironie du sort, je me suis rendu compte que ce que je poursuivais n'était pas mieux que ce qu'ils faisaient. "
 
"Toute ma vie, j'ai laissé le monde de la mine derrière moi, mais en y retournant pour faire The Pitmen Painters, j'ai pris conscience que la communauté, le sang de mon père, la sueur et le dur labeur, ne m'avaient jamais quitté."
 
"J'ai reçu un véritable coup de pied aux fesses pour me rappeler d'où je viens", dit Robson. "En fait, ils ont fait de moi ce que je suis. Ce futune leçon d'humilité. En fait, une révélation."
 
A bientôt 47 ans, Robson suit les traces de son père, décédé l'année précédente, et fait à l'occasion ce film, son premier voyage au fond d'un puits. Pour cela, Robson doit se rendre à Maltby dans le South Yorkshire où subsiste encore l'une des dernièreses mines en activité.
 
"En descendant dans cette fosse, je me suis rendu compte pour la première fois, à quel point j'avais peu connu la vie et le travail de papa. J'ai toujours su que les mineurs faisaient face au danger et qu'il fallait être un genre d'homme bien particulier pour endurer tout cela. Mais à la maison, je n'avais jamais réalisé combien c'était des hommes exceptionnels, jusqu'à ce que je le découvre par moi-même."
Ce que je m'apprête à dire n'a rien à voir ni avec l'exploitation minière, ni avec la peinture.
 
Comme vous le savez, j'adore la pêche. Selon l'auteur Robin Shelton, toute l'action de la pêche tient en un seul instant excitant : la touche ! Ce moment où ce que vous sentez à l'intérieur de vous, se répand pour devenir une conscience singulière et méditative de ce que vous êtes et de ce que vous faites. C'est l'une des rares occasions où je me sens moi-même. C'est peut-être une fuite ? Peut-être que j'essaye de m'échapper ? Une chose est sûre, je sais que je ne le fais pas pour l'argent.
 
Tant d'images se présentent quand je pense à l'époque où j'ai grandi dans le village minier de Dudley. Mettre ces images sur la toile devrait être facile, mais peindre le petit garçon de sept ans rêvant d'évasion, est une toute autre paire de manches.
 
Au début des années 70, Dudley était entouré de quatre mines. Mon père a passé plus de 20 ans au fond de deux d'entre elles. Il n'a jamais voulu que moi ou mon plus jeune frère David, y passions plus de deux minutes.
 
Instinctivement, je savais quand j'étais enfant, que c'était l'un des métiers les plus dangereux du monde. Je savais que c'était un travail pénible et je savais que mon père était un travailleur endurci.
 
L'industrie s'est développée et a façonné un certain type d'homme. Mon père était ce genre d'homme. Parmi tous les mineurs qui habitaient dans le village, je n'en ai jamais rencontré un seul qui se soit montré enthousiaste à propos de l'industrie qui contrôlait leur vie, y compris mon père.
 
La définition d'un acteur est "si vous ne parlez pas de moi, je n'écoute pas". Les acteurs parlent sans cesse d'eux-mêmes au point qu'un panneau de signalisation de danger devrait être placé à proximité : "Danger ! Attroupement d'acteurs !"
 
Mais je dirai ceci ... Depuis 26 ans, j'ai reçu reconnaissance et applaudissements pour la profession que j'adore. Je ne suis pas une personne en quête d'approbation toutes les cinq secondes, mais je pense que c'est un besoin humain de se sentir apprécié, d'éprouver un sentiment d'identité et d'appartenance, et de se sentir aimé.
 
À mon avis, les mineurs ne recevaient que très peu, voire aucune reconnaissance, après une dure journée de travail. Mais la communauté minière faisait en sorte que ces travailleurs courageux se sentaient spéciaux.
 
Il faut se rappeler que le besoin d'évasion était de sortir du "trou noir" (expression que mon père a employé maintes fois), mais jamais de la communauté.
 
Ironiquement, une telle société, soudée et amicale, avec cet esprit de camaraderie entre les gens de la mine, n'existerait pas, si elle ne résultait pas de l'industrie oppressante qui possédait les âmes des mineurs. Il n'y avait aucun moyen de s'en sortir. C'était pire qu'une situation inextricable !
 
La Workers' Educational Association permettait d'ouvrir des voies et des possibilités d'évasion pour des milliers de mineurs, mais également de donner l'espoir aux fils des familles de mineurs qu'il existait une vie en dehors du dur labeur, où les gens pouvaient s'exprimer.
"Ce fut un honneur d'être invité à présenter leur histoire, parce que c'est une célébration de la vie et de la communauté qui m'entourait étant enfant", dit Robson.
 
Dans le cadre du programme, William Feaver demande à Robson de peindre à son tour un tableau.
 
Sous l'œil bienveillant de Feaver, l'acteur, embarrassé, hésite à dévoiler devant tout le monde, sa première tentative artistique qu'il juge plutôt ratée.
 
Sa peinture représente une main tenant une bouteille de lait, mais il avoue ironiquement qu'il l'a dessinée en utilisant une bouteille de vinaigre balsamique, "ce qui, je pense, résume ma vie..."
 
Poussé par Feaver, Robson trouve le courage d'essayer quelque chose sur le thème père et fils. Une œuvre en particulier l'avait  interpellé en lui rappelant instantanément son père : la linogravure d'Harry Wilson représentant un mineur enchaîné à son travail (ci-contre).
Tableau de Robson
LES PEINTRES DU CHARBON
 
Après avoir passé des années au fond des puits de mine de charbon d'Ashington dans le Northumberland, un groupe de mineurs (ou Pitmen) décide de s'initier à l'art pendant leur temps libre. Ils veulent faire "quelque chose de différent" des passe-temps habituels : l'appréciation artistique.
 
Le groupe se réunit la première fois en Octobre 1934 grâce à l'Association d'éducation ouvrière (Workers Education Association) afin d'étudier l'art ensemble pendant plusieurs années.
 
C'est un projet ambitieux pour ces hommes sans instruction qui ont quitté l'école à 13 ans, et à l'époque, la petite ville d'Ashington ne possédait même pas de bibliothèque municipale qui leur aurait permis d'améliorer leurs connaissances artistiques.
 
Ils finissent par solliciter l'aide de Robert Lyon, Maître de la peinture à l’Armstrong College de l’Université de Durham et King's College à l'Université de Newcastle, pour discuter de la possibilité de créer une classe d’art dont il serait le professeur.
 
Robert Lyon accepte de les former en 1939. Il commence son enseignement en projetant des diapositives des œuvres des Grands Maîtres, mais malgré leurs efforts, ils sont incapables d'appréhender ce qu'ils voient. Lyon comprend vite qu’il doit procéder autrement.
 
Abandonnant la théorie, leur tuteur les encourage à passer directement à la pratique et d'apprendre par eux-mêmes avec peintures et pinceaux.
 
Lyon a de l'ambition pour ses élèves. Il leur propose de dessiner et peindre chez eux en s'inspirant du monde qu'ils connaissent, puis de soumettre leurs œuvres à la critique au cours des réunions. Il met en exergue l'importance d'examiner tout ce qui les entoure afin de le transposer sur la toile et ce faisant, le valoriser.
 
Ce qu'ils produisent est fascinant, et si une image vaut mille mots, leurs peintures parlent de façon plus éloque que n'importe quelle photographie.
 
Les Pitmen ont capturé tous les aspects de la vie, dans et autour de leur communauté minière, au-dessus et en dessous du sol, immortalisant des scènes de repas à la table de cuisine, dans le jardin ouvrier, jusqu'au monde dangereux et sale de la mine de charbon.
 
En dépit de leur manque de formation professionnelle, leurs œuvres, puissamment expressives, sont le reflet poignant de leur vie, leur quotidien, leur environnement et leurs émotions.
 
Bientôt, leurs tableaux attirent l'attention des critiques et des connaisseurs et sont achetés par des collectionneurs fortunés. En particulier, Helen Sutherland qui devient leur mécène et se lie d'amitié avec ses hommes qu'elle emmène visiter les galeries à Londres. Leur peintre préféré étant Van Gogh.
 
Développant leur propre mouvement pictural, les Pitmen Painters continuent à dessiner, tout en travaillant à la mine. L'Ashington Group atteint une réputation internationale dans les années 1940 et 1950.
 
Leurs œuvressont exposées pour la première fois à la Gallery Hatton de l’Armstrong College. Dans les années 1970, elles sont vues à Durham et à la Whitechapel Art Gallery de Londres, puis en Allemagne, aux Pays-Bas, en Nouvelle-Zélande, et en 1980, en Chine.
 
Aucun de ces mineurs des années 1930 n'auraient pu imaginer une telle attention du monde entier ni rêver à une telle renommée.
 
L'Ashington Group se sépare en 1984. Les œuvres de la plupart des artistes sont aujourd’hui exposées au Musée Woodhorn à Ashington.
ROBSON GREEN ET LES PEINTRES DU CHARBON
Genre: Documentaire
Pays d’origine: Royaume-Uni
Durée: 53 minutes
Chaîne d’origine: ITV1
Diffusion d’origine: 8 Mai 2011
Scénariste: Jon Blair
Réalisateur: Jon Blair
Producteur: Jon Blair
Producteur excécutif: Paul Hamann
Musique originale: Simon Rogers
Sociétés de production: Jon Blair Film Company, Wild Pictures
Robson Green
Consultant: William Feaver
Ashington Group sur Wikipedia
The Ashington Group (site officiel)
The Ashington Group (Pitmen Painters)
Les Peintres au charbon (pièce de théâtre) sur Wikipedia
ARTICLE: Robson Green honoured to star in work on Painters
ARTICLE: Perspectives: Robson Green and the Pitmen Painters, ITV1
ARTICLE: Pitmen painters get royal seal of approval (The Guardian, 27/10/2006)
ARTICLE: Anyone Can Paint (The Guardian, 24/01/2009)
ARTICLE: The Pitman Painters: From Ashington to Broadway (BBC Tyne)