Au final, bien que les approches du Dr. Hill et des policiers soient radicalement différentes, elles sont complémentaires. Plusieurs fois, Tony Hill permet d'éviter à la police de se fourvoyer sur une fausse piste ou de se tromper de coupable.
 
Dans les enquêtes les plus inintelligibles, Tony Hill voit juste à chaque fois, découvrant les coupables aussi improbables soient-ils. Ses révélations sont souvent accueillies sous l'incrédulité ou la moquerie des policiers. Mais s'il a peu confiance en lui en tant que personne, Tony ne doute pas un instant de ses capacités professionnelles. Et son instinct est imparable.
 
Il décèle ainsi le criminel chez l'insoupçonnable et célèbre présentateur de talk-show, Jack Vance (Chapelle Ardente), ou le psychopathe vengeur chez le respectable avocat, Geoffrey Markham (Dans l'Ombre du roi). Il parvient à confondre l'inspectrice apparement irréprochable qui collabore avec eux, DI Jan Shields (Le Mur du silence).
 
Si ses avis sont écoutés de manière quasi inconditionnelle par Carol, et finalement suivis par Alex, il n'en est pas toujours de même.
 
Le Dr. Hill reste persuadé de la culpabilité de Jason Eglee et s'insurge contre la décision prise par un comité d'experts de le relaxer (Retrouvailles fatales). Les faits lui donneront malheureusement raison.
 
De même, il réfute la soi-disant repentance du psychopathe cannibale, Dr. Michael Beyant, qui semble s'être amendé grâce à la religion. Là encore, ses avertissements ne sont pas entendus et il sera trop tard quand Michael s'échappe de l'asile en tuant un prêtre et commet une série de crimes atroces.
Le génie du Dr. Hill se manifeste dans sa capacité d'empathie et le décryptage de la psyché criminelle, et du même coup, la compréhension de l'âme humaine.
 
À partir des scènes de crimes et des indices les plus subtils, Tony est capable de mettre à jour le profil du coupable. Pendant les interrogatoires, il détecte les mensonges des mythomanes les plus doués ou subodore le meurtrier à sa façon de regarder.
 
Son don pour pénètrer les esprits a cependant son revers de la médaille...
 
Souvent, il fait des observations astucieuses sur un crime ou un individu sans réfléchir, ce qui peut causer de l'embarras ou de l'indignation. Sa personnalité anticonformiste qui dénie les codes sociaux déroute, ses méthodes de travail peu orthodoxes déconcertent son entourage.
 
Dyssocial et marginal, Tony fait fi des conventions et du protocole. Alors qu'il est sur le point d'être renvoyé de l'université pour absences répétées (collaboration avec la police oblige), Tony Hill accepte de se rendre à la réception organisée par la doyenne pour plaider sa cause. Mais son savoir-vivre laisse à désirer et il ignore totalement l'usage de la brosse à reluire, ce qui manque de provoquer un scandale...
 
Son intelligence peut aussi devenir problématique lorsque ses raisonnements intellectuels, son vocabulaire recherché à la syntaxe sophistiquée, rendent son discours incompréhensible.
 

Carol : Vous parlez comme un livre.
Tony : Ah bon, je ne m'en rends pas compte.
Chapelle ardente (S01; E02)
 

Alex Fielding : Arrêtez ! La façon dont vous parlez, ça n'a aucun sens pour moi !
La Remplaçante (S04; E01)
 

Tony ne vit que pour son travail jusqu'à l'excès voire l'obsession.  Il y consacre ses nuits de sommeil et agit au détriment de sa santé physique. L'exercice de profiler le passionne de plus en plus au fil des épisodes, et dans les dernières saisons sa présence à l'hopital ou l'université s'étiole puis disparaît. Mais il s'agit plutôt d'une volonté des scénaristes de concentrer l'action sur les enquêtes.
 
Le Dr. Hill semble déconnecté de la réalité et vivre dans un monde inaccessible au commun des mortels.
 
La tête dans les nuages, il est distrait, oubliant ses clés ou se trompant de porte, et maladroit dans ses gestes ou ses propos blessant involontairement certaines personnes. Ses processus de pensée ont tendance à dominer son existence au point d'oublier les détails quotidiens comme ranger sa chemise, éteindre les phares de sa voiture, et d'occulter les besoins les plus élémentaires comme faire les courses, dormir suffisamment ou s'alimenter.
 
À plusieurs reprises, son empathie avec les criminels est jugée comme dangereuse pour sa santé mentale. Parfois, Tony craint de basculer du côté des psychopathes. Ces excentricités lui font aimer certaines personnes tout en l'aliénant à d'autres.
Quelles sont les causes possibles de son attitude et de sa vulnérabilité psychologique ? Dans la série, les séquelles psychiques de l'enfance douloureuse de Tony ne sont pas évoquées. Tony Hill mentionne une fois ses parents - en termes 'cliniques' :
 

Carol : What were your parents like ?
Tony : Mm? Oh, Mum was classic delusional. Desperately believing in only the good ... it was a natural defense against her fear that Dad had fallen out of love with her. Yeah, she didn't realize he just had difficulty in expressing it.
Carol : ... I was just making small talk, actually.
Le Silence des collines (S02; E01)
 

On sait donc peu de chose sur d'éventuels traumatismes passés et les causes de ses troubles actuels. Mais il est évident que Tony Hill a souffert dans son histoire personnelle et cache de lourds secrets.
 
L'interprétation de Robson Green met en évidence l'homme vulnérable et torturé qui manque de confiance en lui et a du mal à communique avec les autres. Il intériorise ses sentiments et rejette toute relation sentimentale.
 
Dans la série, rien ne sous-entend qu'il souffre d'impuissance ou de déficiences sexuelles, inconcevable dans l'interprétation de Robson, l'un des acteurs les plus sexy d'Angleterre !
 
Tony souffre de dyslexie et a des antécédents de mauvaise santé. Dans le roman Beneath the Bleeding, Tony est grièvement blessé par un patient armé d'une hache, la production a choisi de lui diagnostiquer un méningiome intracrânien (tumeur) dans l'épisode Le Sniper, qui sera finalement opéré avec succès.
 
La maladie et la perspective de la mort ont un impact sur sa santé physique et mentale et on découvre alors un autre Tony. Il devient irritable, agressif, halluciné et désorienté, bien qu'il soit conscient de la distinction entre ses nouveaux troubles de la personnalité et son vrai Soi. À un moment, il demande sarcastique à Carol : "Voulez-vous que Tony soit de retour ?"
 
Avec bonheur, Robson apporte aussi une touche ironique plus légère, le Docteur Hill étant doté d'un humour décalé plutôt caustique et d'une maladresse touchante. Cela permet de souligner la singularité du personnage, qui se présente comme une sorte de professeur Tournesol au pays des psychopathes.
 

Alex Fielding : Le voisin de Tony pense qu'il est un peu fou.
Ben Fielding : Eh bien, c'est vrai ! Juste un peu. Dans le bon sens !
Abomination (S06; E01)
Quelles que soient l'heure ou les circonstances, le psychologue est toujours disponible pour autrui et n'est jamais avare de son temps pour Carol ou Alex dès qu'elles le sollicitent.
 
Il aide Carol à surmonter ses propres peurs ou ses périodes de doute, il est aux cotés d'Alex quand son fils est enlevé, apporte son soutien à son amie Kate au décès de son mari, etc., et n'hésite pas à se mettre en danger pour secourir Carol, Alex ou Paula McIntyre (Nocebo).
 

Tony Hill : Vous voulez l'ami ou le psy ?
Carol Jordan : Lequel êtes-vous à cette heure ?
Mauvaise graine (S03; E02)
 

Tony Hill n'accorde de prix qu'à l'être humain. Son dévouement et son implication sont totals, mais hors de l'enquête, ses relations humaines deviennent très compliquées. Sa vie privée semble inexistante et sa vie amoureuse est un échec.
 
Célibataire et dyssocial, les seules femmes qu'il côtoie sont l'héroïne de jeux vidéo Lara Croft, la transsexuelle tortionnaire Angelica Bain et la meurtrière d'enfants Maggie Thomas...
 
Pourtant, il aurait pu en être autrement avec Carol Jordan... Les scénaristes n'ont pas souhaité non plus développer une relation sentimentale entre le couple d'enquêteurs restant fidèles à l'œuvre de Val McDermid.
 
À force de collaborer étroitement avec l'inspectrice, Tony ressent visiblement des sentiments. Pour la première fois de sa vie, il éprouve une réelle attirance et semble amoureux. Cependant, il évite d'aller plus loin et ne parviendra jamais à se déclarer.
 

Carol Jordan : Tony, pourquoi rien n'est simple avec vous ?
Quand la nuit tombe (S03; E03)
 

Bien des fois, Tony rate l'occasion de dire ce qu'il ressent à Carol qui finira par se lasser d'attendre. Tony est dévasté quand elle quitte Bradfield. Par la suite, il finit par devenir proche de sa remplaçante, l'inspectrice Alex Fielding, mais résiste de nouveau à une relation amoureuse.
On retrouve les traits fondamentaux du Tony Hill littéraire dans la série télé à quelques variantes près.
 
Tony Hill va à l'encontre des stéréotypes classiques du redresseur de torts que l'on a coutume de voir dans ce genre de fiction de l'époque (années 2000). Loin d'être monolithique, il offre une personnalité complexe assez déroutante et aux multiples facettes.
 
Il a fait ses études de médecine, est docteur en psychologie et exerce en tant que clinicien spécialiste de la psychopathologie des conduites criminelles, ainsi que maître de conférences à l'université de Bradfield. Parallèlement, il aide comme consultant la police locale dans la résolution d'enquêtes sur les crimes particulièrement atroces ou inexplicables souvent perpétrés par des tueurs en série ou des psychopathes de toutes espèces.
 
Érigé en "figure lunaire vivant sur sa propre planète" comme le décrit Robson Green, Tony Hill est totalement décalé et en rupture avec le modèle masculin fait d’assurance et de force typique du milieu policier. C'est un homme excentrique, un peu bizarre et tourmenté, apparemment fragile, mais dont la vulnérabilité est compensée par son intelligence supérieure.
 
Autrement dit, il serait plus en phase dans un monde peuplé de tueurs en série plutôt que de personnes sensées. La vie sociale du Docteur Hill se résume en effet à peu de choses dans un cercle très restreint. Il alterne entre les visites à ses patients psychopathes internés en quartier de sécurité et les cours à ses étudiants.
 
Mais l'arrivée de Carol Jordan bouscule la donne.
 
Au départ, elle va chercher l'aide du clinicien pour une enquête difficile. Tony est embarrassé car son rôle de medecin est de soigner, pas d'analyser, et il lui en fait la remarque.
 
"Je suis un psychologue, pas un profiler."
Le Chant des Sirènes (S01; E01)
 

Carol découvre alors un homme atypique très déconcertant doué d'un don particulier, un homme passionné par la psychologie des tueurs, mais également au charme troublant. Son frère s'en rend compte :
 

Carol Jordan : His name's Tony Hill - Clinical Psychologist. I asked him to have a look at the latest.
Michael Jordan : Bit nice ?
Carol Jordan : Yeah. Warm. Funny... in every sense.
Le Chant des Sirènes
Si le Docteur Hill excelle à dresser des profils psychologiques, qu'en est-il du sien ?
 
Le héros romanesque de Val McDermid
 
La série télé s'inspire directement des personnages principaux et des histoires de l'œuvre romanesque de la talentueuse Val McDermid. L'écrivaine brosse le portrait de Tony Hill par petites touches à travers les romans consacrés jusqu'à présent à la saga Tony Hill/Carol Jordan. On découvre ainsi en filigrane de nouveaux éléments le concernant.
 
Nous apprenons qu'Anthony "Tony" Valentin Hill est né à Halifax (West Yorkshire) et a été élevé par ses grands-parents. Il a fait ses études supérieures dans les universités de Londres et d'Oxford où il obtient un doctorat en philosophie.
 
Au début de la saga, Tony Hill est décrit comme un trentenaire séduisant, d'allure mince et mesurant 1,70 m. Il est brun aux cheveux courts coiffés d'une raie sur le côté et aux "yeux bleus intenses dans un regard irrésistible".
 
Spécialisé dans les comportements violents et les pathologies des délinquants, il exerce pendant huit ans comme psychologue-clinicien dans les quartiers de haute sécurité des hôpitaux psychiatriques. Sa profession le confronte aux tueurs en série dont il fait sa spécialité et sa réputation. Tony est considéré comme le seul psychologue de son pays capable de comprendre les esprits déviants et d'en découvrir les ressorts.
 
Le Docteur Hill est alors chargé par le ministère de l'Intérieur britannique (National Home Office) de l'étude de faisabilité d'une unité de profilage au niveau international. C'est ainsi qu'il crée et devient le prestigieux directeur de la "Cellule Nationale de Profilage Criminel".
 
C'est une unité constituée d'une poignée des meilleurs éléments de la police qu'il a lui-même recrutés et qu'il forme au profilage. Si Tony prodigue son enseignement et ses conseils, il laisse cependant beaucoup de liberté et d'initiative à ses élèves dans les enquêtes en cours (ce qui pourra conduire au drame). Le psychologue-profileur travaille également auprès de la police de Bradfield dans l'unité dirigée par D.I. Carol Jordan.
 
On sait aussi que Tony Hill est un célibataire endurci avant d'apprendre plus tard qu'il souffre d'impuissance sexuelle, et de ce fait, évite toute relation amoureuse. Val McDermid révèle l'origine de ses maux dans Beneath The Bleeding en particulier, livrant des éléments essentiels sur l'enfance de Tony et sa relation difficile avec sa mère. Dans le roman Fever of the Bone, Tony Hill apprend la mort de son père qu'il n'a jamais fréquenté, et hérite de sa maison de Blythe.
 
L'auteure décrit Vanessa Hill comme une femme d'affaires dure et autoritaire, hermétique aux sentiments et à l'amour maternel. Vanessa s'est retrouvée enceinte de Tony alors qu'elle était encore très jeune et célibataire, à une époque où une telle conduite était jugée scandaleuse.
 
Dès sa naissance, l'enfant non-désiré est rejeté par sa mère qui le rend responsable d'avoir gâché sa jeunesse et sa vie. Elle assouvit son ressentiment en infligeant  à Tony des maltraitances physiques et des humiliations morales. Dès qu'elle le peut, Vanessa déverse son fiel et n'a de cesse de dévaloriser et dénigrer son fils même en présence d'autrui. Une fois, Carol Jordan, révoltée face à son comportement, s'emporte avec véhémence.
 
Sa grand-mère fait aussi payer à Tony la culpabilité de sa naissance illégitime, en ayant l'habitude de l'enfermer des heures durant dans un placard dès qu'il l'énervait ou faisait quelque chose qui la contrariait. En outre, sa mère et sa grand-mère le battaient régulièrement et lui infligeaient des châtiments disproportionnés pour des maladresses ou des bêtises vénielles bien involontaires de la part d'un enfant. Elles ne supportaient tout simplement pas sa présence dans leurs vies.
 
Avec un tel passif, Tony adulte garde les séquelles indélébiles du spectre de son enfance. Il souffre de dyspraxie, manque d'estime de soi et de confiance en lui ce qui explique ses déficiences sexuelles et l'échec de ses premières relations. Hanté par les humiliations passées et l'absence d'amour, il éprouve des difficulté à exprimer ses sentiments, à s'intégrer socialement et vit seul.
 
Tony évite tout contact avec sa mère et ne supporte aucune forme de conflit, réminiscence douloureuse et culpabilisante de son enfance ("the grown-ups are shouting and it must be my fault").
 
S'il n'a pas réussi à guérir ses blessures, il a pu se reconstruire d'une certaine façon. La seule satisfaction de Tony Hill dans la vie est son travail. C'est là où il s'épanouit, donne la pleine mesure de ses talents et excelle, là où il se sent séduisant.
 
Paradoxalement, Val McDermid met en évidence le danger de son empathie et son besoin de guérir les psychopathes les plus déviants. Obsédé par son travail, le Dr Hill puise dans son propre côté sombre pour les comprendre et connaître leur ressenti, mais le revers de la médaille est d'y laisser son âme. Parfois, il s'effraie de ressentir une attirance pour les criminels et les pulsions meurtrières...
 
Le personnage évoque à plusieurs reprises cette affliction comme une tentative de "passing for human." On trouve de nombreuses références dans le canon au spectre de son passé et sa peur qu'il n'existe plus de distinction entre les psychopathes et lui.
Bien qu'il éprouve visiblement des sentiments pour Carol, Tony n'osera jamais les avouer. Obsédé et imprégné par ses sujets d'étude, il n'accorde aucun espace à une relation sentimentale. Sans doute a-t-il peur de ses propres sentiments et manque-t-il de confiance en lui, car c'est un homme complexé et tourmenté. Cependant il évite aussi cette relation qui risquerait d'empiéter et d'affecter son travail.
 
Dans ces conditions toute relation sentimentale est vouée à l'échec. Carol attend en vain un mot ou un signe de sa part avant de comprendre qu'il en est incapable. Lorsqu'il réintègre la police de Bradfield après sa maladie, il est trop tard. Tony dévasté apprend qui ne reverra plus jamais Carol Jordan.
 
Avec Alex Fielding, Tony Hill ne s'y prend guère mieux. Au départ, le contexte est différent que précédemment. La relation entre Tony et Alex est plus électrique et difficile et met plus de temps à s'installer.
 
Cependant l'inspectrice prend conscience que le psychologue n'est pas un homme ordinaire, il l'émeut et son attachement devient plus profond au fur et à mesure. Elle lui fait totalement confiance et à besoin de lui. L'inverse est également vrai, Tony a autant besoin d'Alex qu'il avait besoin de Carol. Il finit par devenir proche d'Alex mais résiste de nouveau à une relation plus intime. Pour autant, il n'existe pas de véritable amour entre eux, mais plutôt un profond attachement.
 
Sa maladresse et son incapacité à parler simplement des choses gâtent tout.
 

Alex Fielding : Je ne sais encore rien de vous.
Tony Hill : Comme quoi ?
Alex Fielding : Mais..., comme n'importe quoi !
Tony Hill : Vous avez mis du rouge à lèvres.
Alex Fielding : …et alors !
 

Tony regrette immédiatement ses propos maladroits et se reproche de n'avoir pas réussi à dire tout bonnement à Alex qu'était jolie ce soir-là.
 

Alex Fielding : C'est probablement la seule chose sur laquelle nous avons réussi à nous entendre la nuit dernière.
Tony Hill : Oui, désolé pour ça. Côté relations sociales, je suis... perdu.
Retrouvailles fatales (S04; E04)
 

C'est le problème de Tony qui se qualifie lui-même de "désastre". Ses relations humaines semblent vouées à l'échec dès qu'elles deviennent plus intimes.
 
Dans cet épisode, Tony revoit une ex-petite amie. Toujours amoureuse de lui, elle est prête à s'engager et en espère autant de lui. Une fois de plus au mépris de ses propres sentiments, Tony avoue qu'il ne sera jamais prêt. Il préfère mettre aussitôt un terme à leur relation et retourner à sa solitude.
 
Le Dr. Hill est un dyssocial et un solitaire incurable. Condamné à porter le fardeau d'une humanité de noirceur et de souffrance, sa personnalité complexe lui interdit d'accéder au bonheur, à la paix de l'âme et à l'amour.
Tony Hill : Le sexe avec moi ne vaut certainement pas trois heures de route. Peut-être cinq minutes de marche. S'il ne pleut pas.
Le Chant des Sirènes (S01; E01)
 

Carol Jordan : Vos capacités relationnelles laissent à désirer...
L'Ange de la miséricorde (S02; E04)
 

Carol Jordan : So apart  from your parents you've never loved another living thing ?
Tony Hill : I've come close.
 

Jason Eglee : À quand remonte votre dernière relation sexuelle.
Tony Hill : Je ne m'en souviens plus...
Retrouvailles fatales (S04; E04)
Tony Hill est-il capable d'éprouver des sentiments et d'aimer ?
 
En dehors de sa sphère professionnelle et de ses patients, Tony Hill échoue dans ses relations privées et sociales. Son talon d'Achille est son incapacité à communiquer avec les autres, établir des relations "normales" ou exprimer ses émotions, et pire, dès qu'il s'agit de sentiments amoureux. Son passé a laissé des séquelles émotionnelles qui l'ont rendu inapte à la vie sociale.
 
Tony Hill est un d'électron libre. Profondément asocial et solitaire, il ne parvient pas à s'intégrer dans une société qui n'est pas faite pour lui. Il a trouvé un certain équilibre bien à l'abri dans l'univers mental qu'il s'est construit. Mais dès qu'il en franchit les barrières, il est perdu.
 
Aliéné à son travail, il ne parvient pas libérer son esprit pour vivre "normalement". Il s'y voue corps et âme de façon frénétique et exclusive car il n'existe aucune frontière entre sa vie professionnelle et personnelle. Il apparaît ainsi aux yeux des autres comme une machine à penser et à analyser sans émotion, mais c'est au contraire le plus humain et le plus fragile de tous.
 
Pourtant, le Dr. Hill paraît hanté par ses démons intérieurs et aimerait s'en affranchir. Il aimerait être moins compliqué et surtout capable d'aimer.
 
Tony Hill est un être fascinant et énigmatique et malgré lui un homme terriblement charismatique et séduisant. Qui d’autre que Carol Jordan pourrait partager ses sombres pensées ?
 
Dès la première rencontre, l'inspectrice est troublée par le psychologue fantasque et vite attirée par l'homme qui se cache derrière. On assiste alors à une sorte de jeu de séduction confus entre eux.
 
Dans leurs enquêtes, Tony rend toujours les dialogues avec Carol très équivoques. Il utilise des mots crus, violents et directs, use de métaphores et d'un vocabulaire à connotation fréquemment sexuelle. Très troublée par cette ambiguïté, la jeune femme volontaire perd alors ses moyens et se laisse submergée par ses sentiments eux-mêmes très ambigus. Comment résister à l'attirance que Tony suscite chez elle ?
"I really like the view that he sympathises with the killer. He wants to find the reasons. It’s not really a whodunit, it’s a whydunnit. "
Robson Green
Dans l'épisode Le Sniper (Synchronicity) Tony Hill est atteint d'un méningiome intracrânien, une tumeur au cerveau. Le neurologue qui l'examine lui fait passer des tests et conclut qu'il souffre également d'une forme d'autisme.
 
Le médecin révèle ses conclusions avec inquiétude à Carol Jordan :
 
Neurologue : Les tests semblent indiquer le syndrome d'Asperger.
Carol Jordan : Oh non, il est toujours comme ça.
Neurologue : Vraiment. Il ne s'intéresse qu'aux détails tout à fait mineurs et en tire les conclusions les plus extraordinaires !
Carol Jordan : S'est-il trompé ?
Neurologue : ...
 
Évidemment, Tony a parfaitement deviné les petits secrets de son confrère...
 
Le détail qui prime sur le global est-il l'indication que le docteur Hill souffre du syndrome d'Asperger ?
 

Qu'est-ce que le syndrome d'Asperger ?
 
Il s'agit d'un trouble neurologique du spectre autistique, sans déficience intellectuelle, qui affecte essentiellement la manière de communiquer et d'interagir avec les autres.
 
Les principaux symptômes affectent les relations humaines :
 
La personne atteinte éprouve des difficultés à communiquer et créer des liens, ces altérations affectent tous les niveaux d'échanges : émotionnels, amicaux, amoureux et sociétaux.
 
Ne parvenant pas à déchiffrer l'autre, elle échoue à se faire des amis. Elle n'arrive pas à attribuer des pensées et reconnaître les émotions chez autrui, ni les gérer. Elle est incapable de s'adapter aux besoins et à la personnalité des autres. Elle n’intègre pas le sens des expressions du visage, des gestes ou de la voix, comprend difficilement l’humour, les métaphores, le sens figuré ou les doubles sens, et peut donc sembler distante.
 
Son comportement social parait bizarre étant donné ses difficultés à intégrer les règles de conduite tacites et les conventions sociales. Elle décode confusément les situations de la vie quotidienne et l'environnement. Elle a besoin d’être guidée dans la complexité de la vie en société.
 
La personne fait habituellement preuve de maladresse physique, d'une utilisation atypique du langage et souvent d'une hypersensibilité sensorielle.Elle a besoin de routine. Elle a tendance aux gestes et aux comportements répétés et stéréotypés, témoigne d'intérêts parfois intenses et d'activités spécifiques.
 
D'un autre côté, le syndrome d’Asperger présente des spécificités positives :
 
La personne est d'une grande honnêteté, fidèle en relation, loyale et digne de confiance. Elle fait preuve d'une absence totale de préjugés. Souvent douée d’une mémoire remarquable, elle possède une grande lucidité et une bonne capacité d’analyse. La logique est le fondement de son raisonnement.
 
Le sens du détail, avec cette capacité de percevoir et de mémoriser les détails pouvant échapper aux autres, allant de pair avec un soin méticuleux, ainsi qu'une pensée originale dans la résolution des problèmes, permettent d’exceller dans certains domaines.
 
Il arrive également que certains sujets soient dotés d'une intelligence très au-dessus de la moyenne. On parle alors d'autisme de haut niveau. Ils présentent des capacités exceptionnelles associées à un domaine précis ou des dons hors norme.
Tony Hill : Excusez-moi Carole. Parfois je ne vois que la théorie, j'oublie qu'il faut compter avec le reste.
Carol Jordan : C'est quoi le reste ?
Tony Hill : A vous de m'aider à le définir.
Dans l'Ombre du roi (S02; E03)
 

Le docteur Hill souffre-t-il réellement du syndrome d'Asperger ?
 
Il faut avouer que ces caractéristiques correspondent sur de nombreux points à la personnalité du Dr. Hill : dysfonctionnement social et haut fonctionnement intellectuel.
 
Dès le premier épisode, son altération de la communication est mise en avant. C'est la caractéristique la plus évidente de Tony et qui constitue l'un des arcs scénaristiques de la série.
 
Tony a des problèmes pour créer des liens avec autrui, s'intégrer socialement, avoir des amis, développer des échanges émotionnels, amicaux et amoureux.
 
Son comportement asocial traduit son inaptitude à comprendre et à employer les règles établies de la vie en société. Il décode avec difficulté les situations de la vie quotidienne, oublie les conventions et a besoin d’être guidé.
 
On retrouve aussi la maladresse dans sa gestuelle et ses propos, ses actes répétitifs et stéréotypés et ses habitudes bizarres. Notamment celles de se parler à lui-même à voix haute, de s'adresser aux cadavres, ou de s'auto-psychanalysant en jouant le double rôle du médecin et du tueur.
 
Pour autant, c'est un orateur hors pair. Ce qui apparait en contradiction avec les difficultés de communication sociale du syndrome d'Asperger.
 
En tant que Maître de conférences universitaire, il se révèle un pédagogue brillant qui sait captiver son auditoire. Il discute aisément avec ses étudiants, auxquels il donne également des cours particuliers. C'est un excellent communicateur lorsqu'il s'adresse à un public de spécialistes lors de congrès médicaux.
 
Il est loquace, son expression est brillante et érudite, sa pensée claire et rationnelle, ses connaissances encyclopédiques. Il sait plaisanter et pratique l'humour, souvent caustique.
 
Tony est un être énigmatique et mystérieux au caractère complexe et contradictoire. Il a manifestement beaucoup plus de mal à établir des liens avec les personnes proches, et surtout peur d'avouer les sentiments troubles qu'il éprouve au fond de lui pour Carol.
 
Totalement habité par l’intrusion psychologique des tueurs, il se réfugie dans sa tour d'ivoire mentale. Son isolement est aussi une façon de se protéger.
 
En occultant un monde extérieur hostile, Tony Hill s'est composé son propre domaine, l'univers fascinant des psychopathes et le monde virtuel de Lara Croft. Il peut s'épanouir ainsi et agir en électron libre, sans se soucier des convenances.
 
Le psychologue n'existe que pour, et par son métier. C'est là qu'il peut donner libre cours à son art et à la pleine mesure de son génie. C'est le sens de sa vie et sa seule satisfaction. Aider, analyser et comprendre les esprits endommagés, même si parfois il ressent la crainte que cela ne l'affecte trop profondément.
 
Tony Hill est en empathie avec l'être humain, quel qu'il soit, criminel, collègue de travail, ami(e). Cette capacité de ressentir les émotions de Carol et d'Alex, de deviner leur ressenti profond, est loin de traduire un syndrome autistique.
Tony est surtout victime de son manque de confiance en lui (excepté dans son travail), de sa timidité maladive et de sa distraction, de ses complexes, et bien sûr de son passé.
 
Son affliction, ainsi que son sentiment d'incompréhension, peuvent être directement attribués au spectre de son enfance de maltraitances, puis de ses premières expériences sexuelles, qui l'ont définitivement affecté et le hantent encore.
"L’intensité de son engagement dans cette affaire lui causait encore des cauchemars terribles dont il se réveillait en sueur, déchiré par les réminiscences de souffrances passées. "
Val McDermid, La Dernière Tentation
Carol Jordan : Elle vous fascine cette tueuse ?
Tony Hill : Exact.
Carol Jordan : Et ça, c’est dangereux, non ?
Tony Hill : Exact.
Le Chant des Sirènes (S01; E01)
 

Carol Jordan : Vous avez faillit mourir. Ne me refaite jamais ça.
Tony Hill : Aucun homme ne mérite ce sort. Ni même lui.
L'Ange de la miséricorde (S02; E04)
 

Tony Hill : Quand j'ai débuté, je ne voulais pas étudier les esprits endommagés, je voulais les guérir. Je ne peux pas le faire.
L'Ange de la miséricorde (S02; E04)
 
Carol : Tony, pourquoi rien n'est jamais simple avec vous ?
Quand la nuit tombe (S03; E03)
Tony Hill : "Bon alors, la victime : homme de race blanche, la trentaine, en bonne santé, un boulot respectable. Mais c’est idiot de dire ça, un métier ne rend pas un homme respectable."
Le Chant des Sirènes (S01; E01)
 

Carol Jordan : Finalement Tony, vous êtes un être humain.
Quand la nuit tombe (S03; E03)
 

Tony Hill : Puis-je voir la scène de crime ?
Carol Jordan : Vous ne voulez plus rien voir ici ? [à la morgue]
Tony Hill : Grand Dieu, non !
Le chant des Sirènes (S01; E01)
 

Tony Hill : Parfois, ce que vous trouvez ne correspond pas forcement à ce qui s'est passé.
Anges et démons (S01; E03)
 

Tony Hill : Ce n'est pas une personne dans le vrai sens du terme. Il est une sorte d'amalgame de troubles contradictoires de la personnalité.
 
Qui sont les tueurs en série ?
Qui sont les profileurs ?
Wire in the Blood ou l'art du profilage
Qui est Tony Hill ?
La méthode du Docteur Hill
La part des ténèbres
Le Dr Hill ou le syndrome d'Asperger
L'homme au sac en plastique bleu...
Galerie photos Tony Hill
Le terme de tueur en série ainsi que son stéréotype, est une expression provenant directement de l'anglais "serial killer" créée par l'agent du FBI Robert Ressler dans les années 1970.
 
Un tueur en série est considéré comme tel, lorsqu'il commet au moins trois meurtres dans un intervalle de temps variant de quelques jours à plusieurs années entre chacun de ces meurtres. Souvent psychopathe, il réalise un certain niveau de satisfaction par la mort de sa victime. En effet, sa frénésie de meurtres se caractérise toujours par le plaisir renouvelé qu'il tire de ses actes, et le sentiment très fort de sa supériorité.
 
Généralement, il ne tue pas par idéologie, même s'il peut parfois sélectionner ses victimes sur des critères ethniques, religieux ou sexuels, ni par fanatisme, de même l'appât du gain n'est pas non plus le facteur déterminant. Au regard de cette définition, les terroristes, les criminels de guerre, les tueurs de masse (au moins quatre victimes dans un seul endroit et en une fois), les tueurs à la chaîne, les tueurs passionnels ou à gages, ne sont pas considérés comme tueurs en série.
 
Le moteur du tueur en série est essentiellement le sentiment d'omnipotence que lui procurent ses crimes. C'est la caractéristique essentielle de son profil. Il ne se distingue ni physiquement, ni socialement. Il peut mener une vie normale, exercer un métier intellectuel, avoir un travail ingrat et peu qualifié ou une excellente situation, être marié ou vivre seul, peu importe...
 
Chaque tueur en série possède cependant des particularités qui peuvent permettre de l'identifier. L'étude des crimes de tueur en série est le domaine du profilage criminel, ou analyse comportementale, qui dresse un portrait psychologique du meurtrier à partir de son mode opératoire et de sa signature.
 
Le mode opératoire ou modus operandi, est la méthode utilisée par le tueur pour attaquer ses victimes, sa façon de les choisir et de les aborder. Le mode opératoire est choisi d’abord parce qu’il est pratique et fonctionne, il peut varier donc dans le temps. Des modifications peuvent être introduites parfois délibérément afin d’essayer de tromper les investigations. C’est un concept dynamique.
 
La signature est un acte compulsif, quelque chose d'inconscient, qui répond généralement à un fantasme, que le tueur ne peut s'empêcher de faire. C'est la "marque" du criminel souvent représentative d'un rituel. La signature ne varie pas dans le temps. C’est un concept statique.
 
Le mode opératoire peut être similaire dans plusieurs meurtres commis par différents criminels, mais la signature est unique.
 
Les tueurs en série font preuve d'une forte individualité, mais certains éléments peuvent caractériser leurs crimes qui possèdent une ou plusieurs de ces caractéristiques :
- Certains tueurs en série procèdent avec méthode et cherchent à contrôler le déroulement du crime. C'est la maîtrise de la situation qui provoque alors leur exaltation.
- D'autres réalisent un fantasme au travers de leur crime, leurs motivations étant sexuelles ou non.
- Certains sont atteints de troubles mentaux, tels que la schizophrénie, ou sont des psychotiques compulsifs qui tuent de façon irréfléchie, désorganisée, et peuvent étaler leurs crimes sur de très longues périodes de temps.
 
Bien qu’ils soient très médiatisés, les tueurs en série représentent moins de 0,5% de la totalité des meurtriers. Présents partout sur la planète, leur proportion se concentre aux Etats-Unis, qui ont produit 76% de tous les tueurs en série au 20ème siècle et près de 85% depuis les années 80. Environ 20 à 50% d'entre eux restent constamment en activité, et sévissent en particulier dans le Sud (25%), à l’Ouest (24%), au Nord et au Centre (17%).
 
Dans nos pays, ils sont heureusement bien moins nombreux. L’Europe arrive en deuxième position, loin derrière avec 16%. Les pays européens totalisant le plus de tueurs en série étant la Grande-Bretagne (28%), l’Allemagne (27%) et la France (13%). Les statistiques au 21ème siècle montrent une nette augmentation dans les pays du tiers-monde.
 
Les tueurs en séries fascinent car leur étude est passionnante et ils inspirent régulièremenr écrivains et cinéastes.
 
Grand nombre de scénaristes exploitent ces figures au cinéma ou à la télévision dans des genres variés, allant du policier, thriller, film psychologique ou inspiré de faits réels, jusqu'au tueur psychopathe du film d'horreur. Surreprésenté dans les thrillers, le stéréotype du tueur en série évoque un déchainement de violence dans notre société civilisée avant de retrouver un espace pacifié, une fois que la rédemption a eu lieu grâce à son élimination.  L'autre stéréotype est celui qui planifie ses meurtres avec intelligence en les signant de manière ésotérique. C'est sa traque qui constitue alors l'arc de l'histoire, la confrontation directe étant secondaire.
 
 
 
 
 
 
 
D’ailleurs il n’est pas question pour nous de l’oublier !
 
Le sac bleu apparaît partout : au bout de sa main quand il se déplace, serré dans ses bras quand il transporte ses livres à l'université, en gros plan ou dans un coin de l’écran. Le Docteur Hill l'utilise en guise de bagages, l'emporte lors de son séjour à l'hôtel pour une conférence où cette fois plusieurs sacs bleus sont nécessaires et l'enmène avec lui jusqu'au Texas !
 
On peut remarquer que l'usage de l'ustensile s'intensifie à partir de la quatrième saison, précédemment Tony Hill étant professeur universitaire tient aussi la plupart du temps un vieux cartable élimé en cuir marron (ci-contre).
 
Le sac en plastique bleu véhicule également une signification symbolique. Il traduit un désir de normalité, une volonté de se fondre dans la société, et paradoxalement une inadéquation d'y parvenir, en tant que membre atypique et asocial.
 
Trop différent des autres, trop bizarre et excentrique, le Docteur Hill attache peu d’importance à sa présentation extérieure et se fie des conventions selon les valeurs habituelles. Son apparence négligée et ses sacs en plastique peu respectables, suscitent parfois des regards moqueurs ou réprobateurs.
 
Paradoxalement, le sac en plastique confère à Tony une profonde humaine. La fragilité et la précarité du sachet renforcent sa vulnérabilité, son manque de confiance en soi. Il accentue son aspect malingre et maladroit, lorsque, à plusieurs reprises le sac lui tombe des mains accentuant son côté lunaire irrésistible.
Pour le Dr Hill, collaborer avec des détectives n'est pas toujours facile tant leurs méthodes et leur approche divergent généralement des siennes.
 
Son cheminement est théorique, Carol et son équipe procèdent de façon pragmatique.
 
Avec son sens des réalités un brin distordu, Tony Hill déroute ceux qui travaillent avec lui. Son arrivée dans les rangs de l'unité du MIT de Bradfield est mal perçue par des policiers majoritairement conformistes. Ces derniers n'apprécient guère cette collaboration, jugée inutile et fantaisiste, d'autant plus que le psychologue est une célébrité médiatique et que la police déteste être mise à la une.
 
Tony Hill a un rôle de consultant. Il ne participe jamais aux investigations sur le terrain, ni à l'arrestation du meurtrier, domaines réservés aux policiers professionnels. Par contre, il y assiste en tant qu'observateur. Au final, les détectives ont besoin de preuves matérielles pour procéder à une arrestation. En se basant sur un symbolisme intellectuel, Tony fait toujours coïncider sa théorie aux indices.
 
Si le psychologue se tient habituellement à l'écart des prérogatives policières il assiste aux interrogatoires derrière une glace sans tain, soufflant dans une oreillette les questions à Carol ou Alex, et dirige le cours de l'entretien.
 
Dans certains cas difficiles, il peut y participer personnellement. Très perceptif d'un l'incident qui risque de se produire ou de la façon d'obtenir un aveu, il peut parfois débouler dans la pièce sans y être invité. C'est lui qui interroge le suspect en tant qu'expert dans Massacre au Texas.
La formation professorale et scientifique du Dr Hill constitue sa méthode de travail : observation, analyse logique et synthèse.
 
Se basant sur l'investigation pragmatique et les indices matériels, Tony commence ses profils psychologiques en rappelant que tous les points ne seront pas présentés, mais qu’une majorité d'entre eux devrait s'ajuster et correspondre à un individu spécifique.
 
Tony note tous les éléments connus du meurtre (lieu, heure, détails de mise en scène, etc...) et les caractéristiques des victimes (âge, sexe, antécédents, profession, milieu social, etc...) sur le tableau blanc du MIT, ou parfois d'autres supports.
 
Il effectue une hiérarchie et une classification logique, puis établit les interactions probables à l'aide de flêches et de signes. Ces schémas indispensables lui permettent de visualiser les faits et leurs enchaînement sans rien omettre, pour amorcer un profil type du criminel et son mode opératoire.
 
Tony se réfère aussi à ses connaissances. Il possède une culture encyclopédique, acquise par l'étude et la recherche, qui lui permet de découvrir les tenants et aboutissants de l'affaire.
 
Il se documente longuement dans les bibliothèques et décortique chaque piste sans rien laisser au hasard. Ses vastes et multiples connaissances portent sur tous les sujets, les tortures médiévales, les sectes ou les rites vaudou, Jeanne d'Arc jusqu'aux nazis.
 
À la manière d'un puzzle, toutes les pièces finissent par s'emboiter parfaitement pour aboutir à la solution, rationnelle incontestable, révélée dans une démonstration magistrale.
 
Ses raisonnements sont particulièrement captivants, crédibles et bien construits, ce qui donne toute sa véracité et sa pertinence à la série.
 
Si le brillant intellectuel excelle dans la théorie, Tony n'oublie pas le côté humain.
 
Les policiers manifestent parfois révolte et écœurement à l'égard des crimes les plus odieux. Quand Carol craque dès lors que des enfants sont impliqués, ou pleure en présence de Tony (Illumination), celui-ci semble prêt à accepter les pires atrocités.
 
Le psychologue recherche toujours l'explication de ces actes sans les juger. Il ne prend jamais partie. Ce n'est pas la manifestation d'une insensibilité, mais au contraire, la preuve d'une profonde humanité.
 
Tony est compassionnel. C'est un médecin avant tout. Il ne considère jamais les criminels comme des monstres, mais comme des êtres humains en souffrance, et potentiellement des patients. Sa vocation est d'aider et de guérir.
 
C'est un logicien empathique, une sorte de Sherlock Holmes des âmes.
L'énigmatique psychologue-clinicien possède des facultés exceptionnelles. En puisant dans son propre côté sombre, il a la faculté de se plonger dans l’univers mental à la fois des tueurs au pont de pressentir leurs actes, et des victimes.
 
Sa méthode de travail paraît déroutante, son raisonnement prenant forme grâce à l'imprégnation des esprits. Pour cela, il a besoin de quelques "trucs" bien personnels.
 
Tony soliloque à voix haute, seul chez lui ou en présence d'autrui, réfléchit tout en jouant à Tomb Raider sur sa console s'adressant directement à Lara Croft. Il va jusqu'à interroger les cadavres et répondre à leur place.
 
De même, il se "dédouble" pour "s'auto-analyser" tour à tour. On assiste à des scènes étonnantes où Tony passe d'un fauteuil à un autre au cours d'une séance de psychanalyse virtuelle, alternant les rôles du praticien et de son patient.
 
Robson Green est fabuleux dans son rôle. Il rejoint le panthéon des héros les plus complexes de séries policières anglaises.
 
Robson explique qu'il a choisi de "dialoguer à la première personne de façon tout à fait naturelle, dans un style normal de conversation".
 
Au final, bien que les approches du docteur et des policiers soient différentes, elles sont complémentaires. Plusieurs fois, Tony Hill permet à la police d'éviter de se fourvoyer sur une fausse piste ou se tromper de coupable.
La vocation du Dr Hill est de soigner
 
En tant que clinicien, la vocation du Dr Hill est d'aider les autres à soigner leurs troubles et les guérir.
 
Mais comment sortir indemne des confrontations avec des patients psychopathes ou tueurs en série ? Ces derniers n'ont qu'un but : détruire. Anéantir psychologiquement et/ou physiquement l'autre sans éprouver une once d'humanité et de culpabilité. Bien qu'il soit devenu un expert reconnu dans le profilage des tueurs qui souvent deviennent ses patients, Tony a toujours l'illusion qu'il pourra lles guérir. Au final, il ne peut pas les changer, seulement les comprendre pour tenter de les aider et éviter la souffrance.
 
Tony doit faire preuve d'un équilibre à toute épreuve et d'une grande force émotive et morale. Il ne peut se permettre d'être affecté par les entreprises de déstabilisation ou de destruction de ses patients. Il doit également garder la tête froide pour ne pas se laisser submergé par ses propres émotions.
 
Ses entretiens réguliers lui font cotoyer au plus près les troubles mentaux les plus dénaturés, les désordres psychoaffectifs les plus graves et les comportements les plus pervers, au risque de s'y brûler les ailes.
 
Tony sait désespérément que l'être humain est capable de produire ce qui est de plus noir et de plus destructeur. Le prix est d'y laisser sa santé mentale et même sa vie. À plusieurs reprises, cela a failli arriver.
 
Ainsi une implacable confrontation a lieu avec Michel Thompson, alias Mack "The Knife" McAdam, le psychopathe cannibale de la dernière saison. Le meurtrier, repenti en apparence, prétend maintenant être psychologue et meilleur thérapeute que Tony Hill.
 
Il est vrai que Mack est fin psychologue. Il met à jour et exploite les faiblesses de son confrère et ennemi. Il lui assène des vérités cruelles et prend un plaisir machiavélique à le dévaloriser. Tony n'est pas dupe de son manège mais est atteint néanmoins. Mack s'amuse à ses dépens, le manipule, lui et son entourage. Il met en garde Carol :
 

Mack The Knife : Tony Hill est incapable d'entretenir une relation, parce que finalement, il traite tout le monde comme des spécimens. Comme des insectes. Même vous.
Mauvaise graine (S03; E02)
 

Intelligent et manipulateur, Michael est le principal antagoniste au long de la saison six et représente le "Némésis" de Tony Hill.
 
Bien qu'il l'ait fait interné, le Dr. Hill est l'unique interlocuteur auquel le psychopathe consent à parler. Sans doute éprouve-t-il du respect pour la supériorité intellectuelle et les capacités de discernement du psychologue, son égal sur le plan intellectuel, mais son ennemi juré dans la société.
 
L'ultime épisode de la série (Le Purificateur) s'achève par une lutte à mort entre les deux adversaires. Pour la première fois de sa vie, Tony est confronté à un dilemme terrible : tuer ou être tué...
Tony Hill semble être le seul praticien à pouvoir établir un contact et un dialogue avec ses patients psychopathes, la plus célèbre d'entre eux étant la mère infanticide, Maggie Thomas. Chaque semaine depuis quatre ans, il espère lui faire avouer où elle a enterré les enfants jusqu'à être obsédé par cette meurtrière au bord de la folie.
 
Tony procède en la laissant jouer le rôle du psychiatre et lui, du meurtrier, ou lui permet de lui caresser le visage ou de lui tenir la main.
 
Si cette femme fascine le médecin, Maggie est totalement sous son emprise. Elle dépendant de Tony, le seul à qui elle consent de parler, le seul qui l'écoute et la comprend. Elle ne tolère que sa présence car elle est aussi amoureuse de lui. Figure de ses phantasmes, elle lui déclare ses sentiments dans l'épisode Anges et démons.
 
Dans la deuxième saison, Maggie ne vit que dans l'attente de ses visites. Lorsque Tony est placé en garde à vue et rate l'heure de leur rendez-vous, Maggie se suicide dans sa cellule. Elle meurt en traçant avec son sang sur les murs, les emplacements des petites victimes (Le Silence des collines). Même si Tony a obtenu ce qu'il voulait, il est anéanti par la mort de Maggie.
 
Dans le roman de Val McDermid, The Mermaid Singing, la transsexuelle Angelica Bain a une relation intime avec Tony, à laquelle ce dernier consent éprouvant des sensations qui le perturbent. Mais cela aurait été trop choquant dès le pilote, et a été coupé dans le scénario.
 
On assiste néanmoins à des scènes de torture particulièrement dures perpétrées par Angelica sur le psychologue dans son plus simple appareil. La confrontation entre les deux adversaires est très impressionnante et d'une grande intensité. S'il veut échapper à la mort, Tony doit user de tous ses talents de psychologue, établir un dialogue, séduire Angelica et la soumettre à sa volonté afin de la piéger.
 
Plus tard, son bourreau devient son patient. Angelica éprouve des sentiments ambigus vis-à-vis du médecin qui a failli la tuer, mêlés d'une forte attirance sexuelle, d'admiration et de domination.
Son esprit ouvert, sa sensibilité, sa profonde humanité permettent au Dr Hill de déchiffrer les affres et les méandres de l’âme humaine au risque de s’y perdre lui-même.
 
Dans Wire in the Blood, les criminels sont généralement présentés comme des êtres en souffrance, tourmentés ou traumatisés, qui suscitent toujours la compassion de Tony, quels que soient leurs actes.
 
Le psychologue est totalement fasciné par l’esprit criminel.
 
Il éprouve de l'empathie, sympathise avec le tueur et veut comprendre les raisons de ses actes. Médecin avant tout, il est intimement persuadé qu'il peut l'aider à guérir. Dans ce but, il s'imprègne des sentiments de l'autre, de ses états émotionnels et mentaux qu'il ressent de plein fouet, ce qui provoque chez lui une réelle souffrance.
 
Mais Tony ressent aussi une sorte d'osmose ambigüe. Il est parfaitement conscient que ce mécanisme est très dangereux et le redoute.
 
Tony Hill porte un double fardeau : celui de ses propres traumatismes et celui, par procuration, des souffrances mentales du criminel.
 
Tiraillé entre un profond accablement mêlé d'un intérêt clinique à soigner les tueurs qu’il a contribués à interner, Tony Hill illustre une chronique des ténèbres où il risquer sa santé mentale ou même physique.
 
Dans le dernier épisode avec Carol Jordan, Le sniper, Tony apprend qu'il est atteint d'une tumeur au cerveau le condamnant à brève échéance à moins d'une opération très risquée.
 
Dans un premier temps, il nie la réalité, mais prend conscience de la perte progressive de ses facultés physiques et  intellectuelles. Au péril de sa vie, Tony choisit de se jeter à corps perdu dans une dernière mission jusqu'à ses dernières forces.
 
Entre éclairs de lucidité et hallucinations, il s'acharne à identifier le tueur et finit par le retrouver. Dans un face à face terrifiant de roulette russe, la vie devient alors le jeu du hasard. Si le destin l'avait décidé, Tony serait mort ce jour-là de son gré sans regret (il sombre dans l'inconscient et heureusement on sait qu'il va s'en sortir…).
 
Investi à l'extrême dans sa mission d'aider les gens, sa passion le dévore entièrement.
 
Il est prêt à sacrifier sa propre vie (L'Ange de la miséricorde) pour sauver le tueur qui choisit de mourir dans une explosion dévastatrice qui aurait pu les anéantir tous els deux. Plus tard, Tony culpabilise de n'y être pas parvenu.
Le profiling ou profilage criminel
 
Dès 1886, Krafft-Ebing est le premier à avoir pris conscience des correspondances possibles entre perversions sexuelles et crimes, il établit que "la recherche de troubles intérieurs est susceptible d’éclairer le forfait".
 
La technique de "profilage psychologique" se développe vers 1950 avec James A. Brussel, psychiatre américain, afin de faciliter l’arrestation des meurtriers, en combinant caractéristiques comportementales et probabilités statistiques. En s’appuyant sur une compétence professionnelle et non sur l’intuition, il ouvre la voie aux futures  investigations.
 
C’est sous la direction de Howard Teten et de Patrick Mullany que des profileurs en tant que tels, apparaissent ensuite au FBI dans les années 70 (agents spéciaux Robert Hazelwood, Robert Ressler et John Douglas). Leur but est de permettre d’identifier des caractéristiques comportementales particulières typiques de certains meurtriers.
 
Qu’est-ce que le profilage criminel ?
 
Le profilage en matière criminelle est l’étude de la personnalité, des caractéristiques et des spécificités de fonctionnement des criminels qui les différencient de la population générale, ainsi que l’étude des preuves afin d’en déduire les suspects possibles.
 
On peut distinguer le profilage de personnalité criminelle ou profilage psychologique, l’analyse d’investigation criminelle ou profilage comportemental, le profilage criminel ou profilage d’agresseur ou profilage médico-légal.
 
Quel est le profil du profileur ?
 
Idéalement, le profileur devrait avoir des connaissances pluridisciplinaires en psychologie, sociologie, criminalistique, médecine légale, il doit également être capable d'analyser sur place les scènes de crime.
 
En Europe, les profileurs sont des psychologues ou des psychiatres experts spécialisés dans les affaires pénales. Aux Etats-Unis, les profileurs sont des officiers enquêteurs formés au profilage psychologique et qui restent libres d’utiliser ou non cette méthode dans l'enquête. Les unités de police locale font appel à des consultants psychologues, criminologues ou à d’anciens officiers du FBI.
 
Si en France aujourd’hui, le profilage semble un instrument indispensable, le statut du profileur n’est toujours pas défini comme dans le reste du monde. Les psychologues n’ont pas le statut d'enquêteurs. Cependant s’appuyant sur l’expérience américaine, la police française tend à développer le travail du profileur au sein de ses propres forces.
 
La méthode du profilage criminel
 
Le profilage ne consiste pas seulement à dresser un profil, c’est un processus qui vise à reconstruire un comportement individuel et les motivations latentes potentielles.
 
Le profilage psychologique permet de limiter la population de suspects et d’orienter certains axes de recherche de l’enquête. Il en résulte que le profil établi reste flou et répond à un pool de suspects.
 
Le profilage est une technique basée sur un protocole, mais il n’existe pas de procédure fixe standardisée. A l’heure actuelle, chaque profileur pratique selon ses méthodes.
 
Tout d'abord, il s'agit d'analyser les spécificités de la scène de crime (arme, nombre apparent d’agresseurs, logique d’agression, organisation de la scène de crime et mise en scène, acte rituel, traces de pas, etc…).
 
Puis d'étudier la victime par l’autopsie psychologique ou victimologie (autopsie et cause de la mort, maltraitances/lésions subies ante ou post mortem, traces séquelles, empreintes, fibres sur la victime, recherche du lien avec l'agresseur, etc…), mais on ne tient jamais compte de la victime en tant que personne en interaction avec son environnement social et privé. L’autopsie de la victime peut permettre de discerner la personnalité du meurtrier.
 
Enfin il convient d'établir le profil psychologique et sociologique du criminel. Le profileur décrit d’abord le criminel grâce à son comportement, pour s'interroger ensuite sur les désirs ou les fantasmes que ce comportement peut satisfaire. Il faut se demander pour quel motif la victime a été choisie et en quoi elle s’insère dans le fantasme de l’agresseur. Chaque criminel présente à la fois des volets psychopathiques et schizophréniques, pouvant basculer de l'un vers l’autre selon de la situation. En général, il ne commet jamais son crime accidentellement, mais pour ses propres raisons.
 
Les manifestations de la conduite criminelle, le mode opératoire, la signature et la mise en scène, apportent les identifiants significatifs de la personnalité criminelle. En particulier, la signature implique des identifiants très significatifs de la personnalité du tueur.
 
L'étude de l’environnement social de l’agresseur apporte aussi une aide à la compréhension de la nature de son crime. Le principal objectif est de découvrir à quel moment de sa vie, une personne commet un crime. Or, les processus fondamentaux de la socialisation comprennent un fort potentiel de violence relatif aux relations interpersonnelles. La psychologie permet d'évaluer les comportements des individus selon la façon dont ils appréhendent leur environnement. Inversement, elle examine aussi l'impact de l'environnement sur les individus et leurs interactions.
 
Les personnes deviennent ce qu’elles sont en fonction de leur vécu : facteurs familiaux ( troubles psychotiques), relations parentales (maltraitance physique ou psychologique, sévices sexuels), comportement infantile (agressivité), éducation (échec scolaire), addiction (alcool, drogue), expériences sociales traumatisantes et déstabilisantes, antécédents judiciaires, etc…
Depuis Conan Doyle et Agatha Christie, les britanniques sont passés maîtres du "whodunit" (de l'anglais "Who done it ?" c’est-à-dire "Qui l’a fait ?"), le roman policier de détection dans lequel la structure de l’énigme est le facteur prédominant. Des indices sont révélés au lecteur qui est invité à en déduire l’identité du criminel avant que la solution ne soit révélée dans les toutes dernières pages. L’enquête est fréquemment menée par un amateur excentrique ou un détective semi-professionnel.
 
Quand le whodunit est développé en film policier ou séries récurrentes, l'intérêt essentiel réside alors dans le traitement du thème, et surtout dans le développement du personnage central de l'enquêteur : Sherlock Holmes, Hercule Poirot ou Miss Marple... Avec La Fureur dans le Sang, les anglais ont produit un concept télévisuel original basé sur un héros atypique et charismatique : le Docteur Tony Hill.
 
Les années 2000 ont marqué l’apparition du "psy" comme possible figure centrale des séries, et aujourd’hui, rares sont celles dont les protagonistes ne se livrent pas, à un moment ou à un autre, à l'exploration de leurs tourments psychologiques...
 
Ainsi le recours de la police à un psychiatre en tant que profiler, semble un concept courant (Profilage, Cracker, Medium, The Inside, Millenium, Esprits criminels, etc.), pourtant ici le propos est très différent. Rarement le petit écran n'a si bien traité cette approche profondément psychologique du crime sous un jour aussi rigoureusement scientifique.
 
La Fureur dans le Sang fait désormais partie du panthéon des grandes séries britanniques. Cultissime !
 
Tandis que les séries policières actuelles, américaines en particulier,  jouent sur le principe de la surprise et du rebondissement spectaculaire, la série choisit l'option "cérébrale" et prend l'axe des fausses pistes. L'étau se resserre autour du coupable à mesure des hypothèses formulées par le psychologue et l'affinement du profil criminel, grâce à la découverte de nouveaux indices ou lors des interrogatoires. La série nous immerge dans l'univers des tueurs en série, ordinaires ou effroyables, à travers l'esprit du criminel et parallèlement celui du profiler qui met à jour ses modes de fonctionnement.
 
Bien évidemment, la série repose sur ce héros, l'un des plus beaux et des plus riches rarement vus : le Docteur Hill.
 
La star de la série, c'est Tony, psychologue renommé qui assiste la police dans ses enquêtes délicates. Toute la force de ce personnage fascinant et lunatique est qu'il vit sur sa propre planète. Le seul moment où il est au paroxysme de ses capacités, c'est quand il pénètre dans la tête des criminels et des victimes. Son génie est alors impressionnant.
Il ne faut pas croire que l'insolite sac en plastique bleu que tient souvent Tony Hill, n'est qu'un accessoire scénaristique visant à singulariser l'image du psychologue. Ce sac bleu existe bel et bien dans la réalité !
 
A l'occasion de ses nombreuses recherches pour La Fureur dans le Sang, Robson a rencontré le célèbre psychologue spécialisé en criminologie, Julian Boon. Tous deux ont passé de longues heures à discuter ensemble. Robson a beaucoup appris sur sa profession si particulière et le décrit comme un personnage "extraordinaire, intelligent et gentil, qui dans la vie, transporte toutes ses affaires dans un sac en plastique bleu et voyage en bus à impériale. Personne ne le regarde à deux fois !"
 
Reprendre ce signe distinctif à l'écran est une excellente idée qui donne toute son originalité au personnage. Pour le téléspectateur qui ne connaît pas l'anecdote, le sac bleu permet de le différencier et de l'identifier immédiatement. Comme la pipe de Sherlock Holmes ou l'imper de Colombo, le sac bleu devient un attribut qui fait partie inhérente du Dr. Hill car tout héros se doit de posséder un symbole visuel fort et unique.
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