Troisième épisode proposé dans le cadre de Perspectives, le documentaire a été réalisé pour la chaîne ITV1 par Jon Blair, célèbre producteur et scénariste qui a remporté un Oscar pour 'Anne Frank Remembered'.
Cette histoire singulière est racontée dans un livre écrit par le critique d’art, William Feaver, "Pitmen Painters: The Ashington Group 1934-1984", qui intervient fréquemment comme consultant aux côtés de Robson.
Elle a également inspiré le scénariste britannique du film 'Billy Elliot', Lee Hall, pour l'écriture de sa pièce de théâtre à succès, The Pitmen Painters, basée sur le livre éponyme de Feaver, et toujours jouée depuis sa création en 2007 (voir bas de page).
Robson Green And The Pitmen Painters a été diffusé la première fois le 8 Mai 2011.
Robson n'est pas critique d'art et possédait peu de connaissances sur l'Ashington Group au début du tournage. Pourtant, le choisir comme présentateur était très judicieux, car c'est ce qui fait la force, la qualité et l'émotion de ce film, intimement lié à sa propre histoire familiale.
Fils et petit-fils de mineurs depuis quatre générations, il retrouve ses racines northumbriennes pour nous raconter cette histoire singulière, c'est aussi pour lui un retour nostalgique et émotionnel après le décès de son père l'année précédente.
Quand son père est mort en Février 2009, Robson s'est rendu compte qu'il ne savait pas grand-chose de son métier ni de son monde. Le retour à ses origines, lui fait revivre les souvenirs et les lieux de son enfance, de la communauté et de son père qu'il admirait.
Robson a passé les 17 premières années de sa vie au cœur du petit village minier de Dudley, dans le Nord Tyneside, à 10 km au nord de Newcastle et à quelques kilomètres au sud de la ville des Pitmen Painters, Ashington.
Le père de Robson a passé sa vie entière au fond des puits de Dudley, quand l'industrie houillère donnait du travail à toute la région. Certains membres du groupe Ashington, déjà connus comme peintres à l'époque, ont travaillé dans la même mine que lui.
Robson se souvient des cinq mines qui entouraient son village, toutes disparues à l'époque du tournage.
L'exploitation houillère a commencé dès le 13ème siècle dans le Tyneside, tissant des réseaux et des liens communautaires imprégnés de la tradition minière. La première mine de charbon de Dudley a ouvert en 1856 et la production s'est définitivement arrêtée en 1977. En 1930, plus de 850 mineurs travaillaient dans les puits, en 2009, il n'en subsistait plus aucun dans le Northumberland.
À son apogée dans les années 1920, le secteur faisait travailler 1,2 million de personnes au sein de plus d'un millier de mines dans le pays. Nationalisé après la guerre, il connaît une chute de la production dans les années 80, puis une Grève générale d'un an en 1984-85, sévèrement réprimé par Margaret Thatcher.
C'est la fin d'une page de l'histoire industrielle la Grande-Bretagne.
Le 18 Décembre 2015, la fermeture de la dernière mine de charbon en activité à Kellingley, dans le Yorkshire, qui employait 450 personnes, marque la disparition d'un métier souvent transmis de génération en génération. La fin de la révolution industrielle et de la puissance de l'Empire britannique, celle aussi d'un combat social historique.
Ainsi, Robson tire parti de cette histoire pour réfléchir sur son propre passé et regarder la tornade du changement social qui a tourbillonné à travers les vieux villages miniers depuis l'aventure artistique des Pitmen Painters en 1934.
Bien que ces mineurs n'aient pratiquement aucune formation artistique professionnelle, ils cherchaient à saisir la vie de la communauté, qu'eux-mêmes et leurs familles connaissaient depuis l'extraction du charbon dans la veine, jusqu'à la cuisine, où les femmes faisaient cuire le pain.
D'un point de vue stylistique, c'est un travail robuste, simple et expressif, bien que des critiques d'art aient parfois souligné des affinités avec d'autres peintres connus du 20ème siècle, tels que Stanley Spencer, David Jones et même Henri Matisse.
Bien sûr, l'un des facteurs les plus importants est la fenêtre ouverte et le témoignage sur le monde des mineurs qu'illustrent leurs œuvres.
Le documentaire interroge aussi sur ce qui fait un artiste, et nous questionne si la peinture est un art accessible à tous.
Robson est particulièrement sensible à leur besoin d'évasion et d'expression artistique, car lui-même a éprouvé très jeune ce désir de liberté et d'affranchissement, pour devenant acteur.
Ce film est incontestablement un voyage initiatique et une enquête très intimiste pour rendre un hommage poignant à ce monde si dur dont il est issu.